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Mr HARDEARLY – Redemption & Bad Habits

Rebel Music / Socadisc
**** Blues-Rock

Redemption & bad habits 2024

 

 

 

 

 

 

 

Sixième album en plus de quinze ans de carrière (du moins sous ce sobriquet) pour cet émule français revendiqué de maintes signatures historiques du blues-rock électrique à l’anglo-saxonne. De l’ombre lointaine des Yardbirds (la plage titulaire et introductive) à celles de Status Quo (“Good With My Lady”) et Black Sabbath (dont il reprend ici à la slide “Heaven And Hell”, doublant ses parties en harmonie), sans oublier les plus saillantes, Stevie Ray Vaughan (le fulgurant “Tightrope”) et Johnny Winter (le vindicatif “Sure You’re Still Around”), Mr Hardearly demeure fidèle à la formule du trio guitare-basse-batterie.

Si l’on peut le préférer en mode slow-blues mélodique (“You Got No Time”, “I Got Nothing But The Blues” et “Sending All My Love”, où il assume les influences croisées de Peter Green et Gary Moore) ou en Chicago-shuffle façon Luther Allison (“Looking For Love”), il sait en tout cas moduler judicieusement les registres (ainsi du funky “Before You Make Me Going Mad”, avec le renfort  des cuivres de Julien Duchet).

Parmi les originaux les plus convaincants, on signalera “Double Bum” (sous ascendant Wishbone Ash) et “Bad Sign” (bien qu’ouvertement démarqué du “Born Under A Bad Sign” de Booker T., pour rendre hommage à Albert King, avec à nouveau le soutien de cuivres, ainsi que de chœurs féminins) et le zydeco “Just Got Ten Stones From Le Havre”, sans oublier le vintage rock n’ roll à la Larry Williams “I’ll Be Killing You” (dans l’esprit de “Dizzy Miss Lizzy”).

Ce très bel album se referme sur le mélancolique instrumental aérien “The Miracle”, dédié à la mémoire du regretté Jeff Beck. Bien joué, once again, Mr Hardearly!

Patrick DALLONGEVILLE
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

 

Mr Hardearly
ecrit par Fred Delforge

Redemption & bad habits
(Rebel Music – Brennus – 2024)
Durée 55’59 – 15 Titres

Redemption & bad habits 2024

 

S’il a toujours gardé au plus profond de lui son âme de rocker, Mister Hardearly a, comme beaucoup de guitaristes de sa génération, amorcé un virage plus orienté blues au fil des années et sorti pas moins de cinq albums studio mais aussi quelques live depuis 2008 pour compléter une carrière musicale longue de trente-cinq années.

Disciple des Johnny Winter, Stevie Ray Vaughan, Jimi Hendrix et autres Jeff Beck, le virtuose qui fut shredder à ses heures, manie l’instrument avec une véritable agilité et a eu tout le loisir de croiser le fer avec des pointures comme ZZ Top, Status Quo, Bernard Allison, Van Wilks ou encore Fred Chapellier, ce qui lui a apporté une crédibilité auprès des médias spécialisés mais aussi d’un public qui lui est désormais fidèle.

De retour cette année avec un sixième opus studio enregistré dans son antre d’El Grotto Studio dans le Val d’Oise en compagnie de Jean Philippe Bernaux à la basse et Frédéric Turban à la batterie mais aussi de quelques batteurs invités comme Sylvain Designe et Olivier Hurtu et des cuivres de Julien Duchet, Mr Hardearly nous délivre un ouvrage qu’il présente comme le plus personnel et le plus introspectif qu’il ait réalisé à ce jour, avec des titres dans lesquels il est question de résilience, de dépression, de mort, d’addictions, de l’amour qui s’envole et de tout ce qui fait que la vie n’est pas toujours un long fleuve tranquille.

On y croise quelques beaux instrumentaux comme « Redemption & Bad Habits » et « The Miracle », dédié à Jeff Beck, et même deux reprises, le « Tightrope » de Stevie Ray Vaughan et le « Heaven And Hell » de Black Sabbath dédié à l’ami chroniqueur et photographe Alain Betton, des titres qui s’intercalent carrément bien au milieu de pièces originales comme « You Got The Time », « Before You Make Me Going Mad », « I Ain’t Got Nothing But The Blues » ou encore le titre bonus « Just Got Ten Stones Left From Le Havre », autant de morceaux variés qui font de cette nouvelle tartine du guitar hero un très bon moment de blues et de rock à consommer sans modération.

Rock Hardi

 
Rock Hardi
 
Rock Hardi
 
Rock Hardi


Il nous livre un album plein de bonnes vibrations et nous en dit un peu plus sur le processus de création.

 

Comment vas-tu Mr. H ?

Et bien plutôt bien, même si la fatigue se fait ressentir depuis quelques mois car nous enchainons les concerts (70/an) depuis 2 ans avec beaucoup de route pour aller à la rencontre de notre public français. Fatigués mais heureux de ces moments de partage.

 

Ce nouvel album est le sixième depuis les débuts de Mr. Hardearly il y a 16 ans ?

Oui c’est ça. 6ème album studio avec aussi 2 DVD live et 2 CD live audio parus au cours des 16 années d’existence du groupe. Avec le recul je vois le chemin parcouru depuis 2008 avec les différentes équipes qui m’ont accompagnées, et je suis fier du résultat.

 

Combien de nouvelles compositions pour cette dernière production ?

Il y a 15 titres dont 2 reprises (‘Heaven And Hell’ de Black Sabbath et ‘Tightrope’ de SRV) avec des univers différents pour chaque chanson, aussi bien au niveau des textes que de la musique. On passe de blues standard à des titres plus « funky » voire country. J’ai pu acquérir pas mal d’amplis de guitare vintage ces dernières années ce qui m’a permis d’obtenir des sons différents pour chaque morceau. Un vrai plaisir pour enregistrer.

Combien de temps as-tu mis pour créer toutes ces nouvelles chansons ?

Comme j’essaie de ne pas me répéter dans chaque nouvel album je mets de plus en plus de temps pour préparer le prochain CD car je souhaite rester dans la même veine musicale qui a fait mon style tout en essayant de surprendre les auditeurs avec de nouvelles idées, voire de nouvelles ambiances sans les dérouter. Donc cet album m’a presque pris 3 ans de maturation (contre 2 ans d’habitude) car je souhaitais mettre la barre toujours plus haut. Je pense que ce CD est le plus abouti de Mr Hardearly jusqu’ici.

 

Il y a donc deux reprises. Pourquoi justement SRV et Black Sabbath ?

Pourquoi pas ?  Pour Black Sabbath, j’aime bien « détourner » des chansons qui ont bercé mon enfance de leur version d’origine, toujours pour surprendre les auditeurs, et je crois que ma version de ‘Heaven And Hell’ est vraiment « surprenante », non ?  Pour Stevie Ray Vaughan, je me suis rendu compte pour cet album que j’avais enregistré beaucoup de chansons de mes idoles (Hendrix, Beck, Winter…) mais pas de SRV. Alors j’ai voulu pallier ce manque, et puis le titre ‘Tightrope’ colle bien au thème général de l’album.

 

En combien de temps as-tu enregistré cet album ?

Pour les compositions c’est un travail quotidien… de tous les jours. Je note des idées de texte ou de riff de guitare selon l’humeur. Je n’arrête jamais. Par exemple, le titre ‘The Miracle’ a été composé et enregistré en quelques heures à l’annonce du décès de Jeff Beck. C’est venu comme cela, instantanément, comme un ressenti d’un grand moment de tristesse pour un artiste qui m’a vraiment ému artistiquement. Pour les titres ‘Ten Stones Left From Le Havre’ et ‘I’ll Be Killing You’, je les ai composés il y a 12 ans à peu près, mais mon producteur de l’époque n’en voulait pas. Ils sont donc restés en hibernation tout ce temps, et puis je suis retombé dessus il y a quelques mois, et je me suis rappelé des souvenirs liés à ces morceaux et j’ai trouvé qu’ils avaient leur place sur ce CD.

 

Présente-nous les musiciens avec qui tu as travaillé…

A la batterie il y a Fred Turban, un vieux complice depuis 30 ans, qui me fait l’honneur de jouer sur mes derniers albums, à la basse Jean Philippe Bernaux qui m’accompagne sur scène depuis 7 ans maintenant, Roxane (une amie de longue date) qui m’a fait quelques chœurs et Julien Duchet aux trompette et sax. Il y a également Olivier Hurtu à la batterie sur 3 titres avec qui nous avons collaboré.

 

Es-tu toujours fidèle aux vieilles Stratocaster ?

Je vois que depuis le temps, tu me connais bien. Oui bien sûr je joue presque exclusivement sur de vieilles strat Fender des années 60/70 mais j’ai fait une petite infidélité il y a quelques années. J’ai en effet fait l’acquisition d’une Gibson Firebird Sunburst (comme Johnny Winter) que vous pouvez entendre sur l’album et voir sur pas mal de photos sur le site. Je kiffe cette guitare bien que le manche soit radicalement diffèrent de mes strat et surtout les potards ne sont pas placés au même endroit, ce qui me perturbe fortement sur scène les 2 premiers morceaux où je prends cette guitare.

 

Tu joues aussi des claviers… quels genres ?

Oui mais très peu. Rires… Juste quelques nappes par-ci par-là, genre Hammond B3 ou clavinette ou Wurlitzer, pour ambiancer tel ou tel passage d’une chanson. Je ne suis pas « clavier » malheureusement. C’est comme les percus, j’en glisse par-ci par-là pour le feeling.

 

Cette fois encore, tu as tout fait dans ton propre studio. Tu as endossé le costume de producteur, et tu t’es chargé du mixage et du mastering. Est-ce par souci d’économie ou par volonté de tout maîtriser ?

Ce n’est pas vraiment un choix, c’est juste que personne « ne veut s’y coller à ma place ».

J’ai déjà fait mixer des albums par d’autres ingé-son mais au final, bien que le son soit plus « gros », les musiciens et moi on ne se reconnaissait pas dans la sonorité finale. Donc je m’occupe de tout en attendant de tomber sur la perle rare qui saura respecter notre identité musicale et sonore. J’aime ce son vintage que j’obtiens dans mon studio, à la fois écoutable sur du matériel moderne, mais où on retrouve le son seventies que j’adore, et qui pourrait sembler vieillot pour certains, mais c’est un choix délibéré de retrouver cette ambiance sonore.

Tu livres tes albums comme un produit fini à un distributeur, est-ce une prise de risque financière importante ?

Plus vraiment. Ça l’a été il y a 10 ans, mais depuis que je travaille avec Alain Ricard de Brennus Recors (Rebel Music) et Socadisc, je ne prends plus aucun risque car le deal est très honnête et je continue de tout maitriser et d’avoir la main sur la distribution. J’ai la chance depuis quelques année de pouvoir « rentabiliser » les CD en moins d’un an, ce qui est très confortable en tant que producteur, et j’en profite pour remercier tous nos fans qui nous sont fidèles à chaque sortie d’album pour les commander sur notre site (www.hardearly.com) même avant leur sortie officielle.

 

Tu dédies cet album à un grand nombre de guitaristes de renom comme Johnny Winter, Frank Zappa, Jimi Hendrix, Lemmy Kilmister, Eddie Van Halen, SRV et Jeff Beck et puis tu cites aussi Jacques Higelin. Pourquoi ? Son nom déroute un peu parmi les autres.

Je cite ces guitaristes, car ils sont comme mes pères spirituels. Ils m’ont tant inspiré ! Higelin, j’ai grandi avec sa musique, notamment le ‘Live à Mogador’, et je ne pouvais pas ne pas le citer. Un grand poète et, bien que je risque d’en choquer certains, une personne qui avait vraiment le blues en lui comme Edith Piaf. Il fait partie de mon ADN. Il est parti beaucoup trop tôt.

 

Tu surprends l’auditeur avec bonheur en t’éloignant un peu de ton style habituel avec deux titres ‘I’ll Be Killing You’ et ‘Just Got Ten Stones Left From Le Havre’. Pourquoi ce pas de côté ?

C’est marrant que tu parles de ces 2 titres. Comme je le disais avant, je les ai composés il y a 12 ans et je trouvais que c’était le moment de les intégrer à cet album. Dans l’avant dernier album il y avait un titre qui s’appelle ‘CC (The Mean Guy)’, une chanson sur Caryl Chessman que j’avais écrite il y a bientôt 15 ans. C’était une maquette que je n’avais jamais réenregistrée. Et puis je suis retombé dessus il y a quelques années et on a juste remplacé la basse/batterie qui était des synthés par de vrais musiciens, je n’ai ni refait les guitares acoustiques, ni les voix et il a trouvé sa place dans le CD. Le livre de Caryl Chessman (Cellule 2455, couloir de la mort) a marqué mon adolescence et je voulais lui dédier une chanson. Parfois tu composes un titre 15 jours avant l’enregistrement de l’album, et parfois tu mets 15 ans à te décider à le publier. C’est aussi ça l’inspiration. 

 

Parle-nous de ta collaboration avec Thierry Wakx qui a créé un très beau digipack…

Thierry, et Pascale sa femme, ça a été une très belle rencontre bien que fortuite. Je faisais un concert caritatif avec Fred Chapellier et j’ai reçu les photos de Thierry. J’ai réalisé à ce moment-là quel magicien il était pour capturer l’instant idéal pour une photo et comment il mettait les artistes en valeur. Je me suis donc rapproché de lui pour de futurs projets et on ne s’est plus quitté depuis. D’où son surnom Thierry « Magic » Wakx. Il a fait un travail extraordinaire sur notre dernier disque, ce qui en fait un très bel objet. Grand merci à lui.

 

Une fois encore tu es distribué par Socadisc, ce qui signifie une large exposition dans les grands circuits… Est-ce que ça booste les ventes ?

Tu sais les ventes de CD s’écroulent année après année. Le CD est devenu un support de promo pour les concerts à venir alors qu’avant c’était le contraire. C’est pour cela que beaucoup d’artistes, pour ne pas dire tous, font des albums avec des budgets réduits et que les places de concert atteignent des prix « gastronomiques ». On gagne notre vie avec les concerts, plus du tout avec les ventes de CD. Donc exposition médiatique oui… pour les ventes je reste plus dubitatif.

Est-ce encore rentable de sortir un CD de nos jours ?

Oui si on considère que ce qui nous fait vivre, nous les musiciens, ce sont les concerts. Les CD sont de bons supports promotionnels mais on essaie juste de les rentabiliser et de ne pas perdre d’argent sur la fabrication en tant que producteur. On ne gagne plus d’argent sur les ventes de CD depuis plusieurs années maintenant (sic).

 

Tu as fait le choix de ne pas mettre l’album sur les plateformes de téléchargement. Pourquoi ?

Quand je vois ce que ça me rapporte en tant qu’auteur, compositeur et producteur je préfère vendre un téléchargement à 9.90 € sur mon site plutôt que 25000 personnes écoutent mon album tous les jours pendant un mois pour 1.30 €. C’est malheureusement la réalité du business des plateformes de téléchargement qui s’en mettent plein les poches au détriment des artistes.

 

Tu tournes toujours beaucoup un peu partout en France et en Belgique, est-ce un circuit bien rôdé ou arrives-tu a décrocher de nouveaux lieux de concerts ?

Je suis en perpétuelle recherche de nouveaux lieux où se produire car malheureusement beaucoup d’endroits ont mis la clé sous la porte depuis le covid et il faut renouveler sans cesse le circuit des tournées. Nous avons cette chance d’avoir un bon capital sympathie au niveau des programmateurs et du public qui nous permet de maintenir, jusqu’à présent, le nombre de dates par an.

 

Le Brexit a semble-t-il mis un point d’arrêt à tes tournées anglaises qui étaient assez régulières. Qu’en est-il ?

Oui ce n’est pas faux. J’espère que notre agent anglais, Howard Baker, pourra nous organiser une ultime tournée en Angleterre car j’adore ce pays, qui m’a adopté il y a maintenant 40 ans.
C’est que la crise est aussi passée par-là pour eux.

 

Tu avais envisagé de faire un jour un album entièrement acoustique, est-ce toujours dans tes projets ?

J’ai vraiment beaucoup de projet en gestation, mais de là à les rendre « viables » c’est une autre histoire. Un album acoustique, voire de reprises uniquement, j’aimerais beaucoup, mais est ce que le public se déplacera pour venir voir la tournée qui suivra c’est une autre question. Il faudrait, pour me faire plaisir, que je sorte cet album sans but de concert (ou très peu). Cela pourrait bien venir dans les années qui viennent car j’ai déjà pas mal de chansons enregistrées. Il faut juste que je trouve le temps des finaliser le CD et de trouver un producteur pour le sortir.

 

Gilles Blampain – Decembre 2023

 

Blues Again

Redemption & bad habits 2024

 

Mr HARDEARLY : Redemption & Bad Habits

Guitars, Lead Vocals, Keyboards : Mr Hardearly
Bass : Jean Philippe Bernaux
Drums : Frédéric Turban – Sylvain Designe – Olivier Hurtu
Sax & Tumpet:Julien  »Julk » Duchet
Backing Vocals : Roxane

 

Juste à quelques jours de noël et pour clôturer cette année 2023 riche en concerts, le dernier né d’une lignée d’albums pourvus en surprises de notre génialissime Mr Hardearly nous arrive gentiment sur les platines.
Pour démarrer le voyage, Rédemption And Bad Habits fait partie des mauvaises habitudes que nous avons de penser que l’on va découvrir ce que l’on a déjà entendu. Préjugé erroné !
Le titre du CD sera l’entrée sur les planches auditives. Un shuffle rondement mené avec quelques notes intruses subtilement placées qui font du bien à l’oreille tellement elles surprennent.

La charpente de Good With My Lady prend certains airs de ZZ Top et là encore, on pourrait supposer la suite de chaque passage avant d’être étonné des différents chemins empruntés par les musiciens, pour ravir l’auditeur.

You Got No Time vient quant à lui, caresser les sens les plus aiguisés avec ce Blues très chaud aux sonorités guitaristiques alléchantes qui je dois le dire, m’ont fait vibrer.
Bien sur je ne vous dévoilerai pas tous les secrets de cette nouvelle conception très aromatique de 15 titres dont 13 sont issus de l’imagination de notre cher guitariste.

On retrouvera une jolie version de Tightrope du regretté Stevie Ray Vaughan, bien ficelé qui titille le tympan ainsi que Heaven And Hell de Black Sabbath issu de l’album du même nom de 1980.
Mais attention, ne vous y trompez pas, cette version n’est pas tout à fait identique à l’originale mais tellement plus douce, colorée et si belle. Là encore, la créativité est de mise et c’est une parfaite réussite. Merci pour le plaisir !

Un peu plus loin, on a la délicieuse surprise de tomber sur un I Ain’t Got Nothing But The Blues, aux saveurs de lagon, qui rappellera un certain Gary Moore disparu trop vite. Un hommage respectueux et qui ne pouvait pas ne pas être présent.

Sur la halte suivante les cuivres sont de rigueur et c’est loin d’être un mauvais signe si je puis me permettre (ok je sors!)
Et comme l’on ne pouvait y croire, nous voici face à face avec un Rock endiablé sur lequel on pourrait aisément danser en faisant attention de ne pas se faire tuer (de plaisir, bien sur…), parce qu ‘il déboîte aussi fort qu’une course déchaînée.

On a même le droit à de la pure Country avec le Just Got Ten Stones Left From Le Havre et une fois de plus, ça déroute agréablement.

Et si vous pensez que les miracles n’existent pas, et bien, laissez vous bercer par ce dernier morceau composé en mémoire de Jeff Beck, ensoleillé diffus d’une douce brise aussi romantique qu’une délicieuse brune aux yeux bleus et celui là, non de dieu, qu’il est  »bô  ». Plusieurs écoutes son nécessaires afin de faire le plein de bonheur parce qu’on en redemande. (un conseil : lumière tamisée, un feu doux et l’oubli de tout le reste).

Une fois de plus, Mr Hardearly signe un album généreux, entier et riche en couleurs avec toujours cette petite touche de d’alliance de notes surprenantes et certes très délectables à l’écoute.
A l’instar d’un chef étoilé, il a su, à nouveau, agrémenter tous les ingrédients dignes de surprendre un  »palais » auditif, désireux de savourer ce qui se fait de plus rare et il vous faudra faire avec l’envie de ne pas avoir envie de couper la platine.

Vous pouvez vous procurer ce petit joyau à un tarif très raisonnable, sur le site : https://hardearly.com/boutique/

Rémi, Zicomania.

 

 

 

 

 

 

 

 

Blues Alive 76

 

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Mr Hardearly – Mean Blues

Soul Bag Juin 2021

 

Mr Hardearly fait beaucoup de choses lui-même, chant, guitares, claviers, composition, production, et il le fait bien. Son blues rock reste du bon côté de la force, respectant les canons du genre, shuffle, titre lent, morceaux acoustiques, nombreux solos de guitare, mais tout est de la bonne longueur, sans exagération, ponctués par des instrumentaux bien sentis. Il y a bien quelques excès rock et un chant qui ne s’affirme parfois pas assez mais la qualité globale l’emporte.

Textes, blog & rock’n’roll

 

En activité depuis de nombreuses années, le bluesman français sort son cinquième opus ‘Mean blues’ le 30 avril 2021.
Mean Blues 2021

Mr Hardearly sur la scène du Festiv’été, à Enghien les Bains, le 15 août 2019 © Thierry WAKX

25 ans dans la musique, depuis 13 ans sous son nom, premier album en 2008, et un nouveau prévu pour la fin du mois, « Monsieur durablement » porte bien son nom. Une longévité au service du blues. Et un parcours qui a permis à Mr Hardearly de croiser la route d’artistes renommés tels ZZ Top, Status Quo, Bernard Allison, Les Commitments, Georgia Sattelites, Van Wilks, Fred Chapellier et bien d’autres.

Cet adepte de la Strat joue un blues au son à la fois résolument moderne et ancré dans les grandes références du genre. Son dernier album, Mean Blues, qu’il présente comme le plus abouti de sa discographie, sort le 30 avril chez REBEL MUSIC / SOCADISC.

Et pour notre homme invariablement coiffé d’un couvre-chef qui évoque instantanément Stevie Ray Vaughan, ça démarre justement sur les chapeaux de roues avec l’instrumental White flag, shuffle rapide très dans l’esprit du guitariste texan, quelque part entre Rude Mood, Say what ! et Scuttle buttin’ .

On continue dans les mêmes couleurs sonores avec Stone in my shoe, mais qui bénéfice d’une touche soul grâce au saxophone de Greg Deletang. La vidéo de ce premier single est sortie à l’automne, où l’on voit les différents musiciens et techniciens mimer le chant. Bonne ambiance et plaisir évident de jouer sont au rendez-vous .

Sur les 15 titres qui composent l’album, 13 sont signés de la plume de Mr Hardearly. Les 2 autres sont une reprise acoustique et jazzy du Blue mood de T-bone Walker et une version également acoustique de When a blind man cries de Deep purple. Les thèmes abordés concernent aussi bien les addictions de toutes sortes avec Ready to fall ou Open wide, que les problèmes sanitaires et les confinements successifs dans What the hell is going on? ou Stone in my shoe, et de manière plus légère, les relations amoureuses sur Two riders ou dans le crépusculaire Mistreated.

On trouve parfois une touche funky (Tell me, Two riders, Stone in my shoe ) ou rock plus carré (Same old flow, Ready to fall, Open wide), mais le ternaire reste bien évidemment le terrain de prédilection comme par exemple sur What the hell is going on et I’m onto you.

Quant au morceau-titre, il est proposé en deux versions : acoustique et électrique. Un instrumental à la slide, joué en solo sans aucun autre instrument, hormis lors des live sessions, où la Telecaster et son bottleneck se sont vus accompagnés d’une pulsation rythmique à la grosse caisse et au maracas.

Enfin, l’album se termine sur un morceau, lui aussi instrumental en guitare solo. Une ballade soul à l’atmosphère hendrixienne qui résume bien l’esprit de la musique de Mr Hardearly : perpétuer l’histoire du blues à travers le style des grands noms qui jalonné le rock anglais et américain. Pas de doute, le blues est encore et toujours bien vivant en 2021, et les artistes français ne sont pas en reste pour y contribuer.

L’album Mean blues de Mr Hardearly sort le 30 avril 2021chez REBEL MUSIC / SOCADISC. Vous pouvez le commander sur ce lien. Retrouvez toutes les infos, actus et prochaines dates de concert de Mr Hardearly sur son site ou sa page Facebook.

Mean Blues 2021

 

 

 

 

 

 

 

© Jean-François Convert – Avril 2021

 

 

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Mr HARDEARLY – Mean Blues

Rebel Music / Socadisc

BLUES

 

Vous savez, le blues existe depuis le premier jour. Le soir, quand le soleil commence à descendre à l’ouest et que l’on n’entend plus un bruit, une voix s’élève du fond du trou, pour dire: ” On va r’tourner trimer. L’patron, il n’est pas méchant, le camp ça va, mais la marmite elle n’est pas propre”. Cet homme là, il a le blues et il vous le fait savoir.
Pour moi, la musique blanche ou la musique noire, ça n’existe pas. Quand on met les notes sur le papier, qu’est-ce que l’on a?
On a du noir et on a du blanc. Ensemble, Noirs et Blancs font la musique la plus formidable que le monde ait jamais connu, et ça s’appelle le blues.
Le blues est né noir, mais il ne l’est plus. Le blues appartient au monde entier! La musique de blues aujourd’hui fait partie de tous. Elle fait partie de votre âme.
Quand vous réussissez à comprendre ce qu’est vraiment cette musique, elle s’insinue au plus profond de vous, si vous avez quelque chose dans le ventre.
Ce que nous appelons le blues, ce sont les racines, le fondement de tout le reste de la musique.
Rufus Thomas (1917-2001)

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Est-il nécessaire aujourd’hui de vous présenter Mr Hardearly? Je ne pense pas, car ce dernier, désormais bien connu, fait partie de nos ‘Guitar Hero’ de l’hexagone.
Pour ceux qui peut-être ne le connaissent pas encore, levez le doigt, vous les derniers au fond de la classe, découvrez ICI cette interview qu’il nous avait accordée pour Paris Move en juin 2018 pour la sortie de son précédent album I’m a Bluesman.
Mr Hardearly ne renie pas ses mentors, Johnny Winter, Gary Moore, Jimi Hendrix, S.R. Vaughan et consorts. Sans prétention, de sa touche personnelle, savamment griffée d’un blues urbain, il apporte sa contribution à l’édifice de cette musique dite du diable. Sans aucune fausse note, Mean Blues, ce cinquième album studio, est un antidote bleuté ponctué d’une palette de couleurs irisées, remède pour combattre la morosité ambiante. Nul besoin de passeport pour arriver à bon port, cet album est une invitation pour l’évasion. Une envie de liberté dans ce monde actuellement confiné. Avec Mean Blues laissez-vous emporter bien au delà de nos frontières pour un voyage intemporel sur les routes irréelles d’un rêve éveillé, bercés ou transcendés au gré de 12 compositions et de 2 adaptations de reprises.


‘White Flag’, ce premier titre instrumental, ouvre les festivités de cet opus endiablé, majoritairement joué avec cinq Stratocaster des années 70. (Parmi les 20 guitares en sa possession, Mr Hardearly a dû faire un choix judicieux, ce qui n’était peut-être pas évident…). Sans suivre l’ordre établi des titres de l’album, l’intitulé ‘Mean Blues’ est un clin d’oeil, un hommage à Johnny Winter pour son ‘Mean Town Blues’. Titre que Johnny Winter avait joué d’ailleurs lors d’une de ses dernières tournées, en 2012, concert auquel Mr Hardearly et moi-même avions assisté, ceci dit pour l’anecdote. Ce ‘Mean Blues’ est décliné en deux versions. La première, électrique, avec une Strato de 1966 qui se lâche totalement sous l’emprise du bottleneck rageur, méchant, elle se dédouble pour converser avec elle même comme si elle pactisait avec le diable. La deuxième version, en acoustique, jouée avec une guitare Martin, n’en est pas moins jouissive, intuitive, à l’unisson elle vous colle le frisson.


Les thèmes abordés dans les textes de Mean Blues, en anglais, sont pour certains engagés et brûlants d’actualité. Ce titre, ‘Stone in my shoe’, composé lors du premier confinement, est une lettre au président.
Hey President You think you’re heaven sent
Things will be different with a new government
You’re like a stone in my shoe and I’m done with you.


Voici la vidéo de ce titre, délires complices avec quelques uns de ses amis musiciens qui, comme lui, étaient dans l’impossibilité de jouer, confinés chez eux.

 

 

Dans son registre habituel dans lequel il excelle, le sieur Hardearly nous gratifie de quelques pépites blues-Rock nuancées et cadencées:
– ‘What the hell is going on’, interrogation sur le confinement.
– ‘Ready to fall’, ‘I’m on to you’, tranches de vie sur les relations humaines dans laquelle un jour chacun peut se reconnaitre.
– ‘Tell me’, la perte d’un ami, le suicide.


Fidèle à cette formule du trio qu’il affectionne, il laisse la part belle à ses musiciens, Jean-Philippe Bernaux à la basse et Frédéric Turban à la batterie. Touché par la grâce ou ensorcelé par ces mains noires qui jadis ont écrit l’histoire, je ne saurais dire, lorsque Mr Hardearly se lâche totalement sur un blues lent comme ‘Mistreated’, dénonçant la maltraitance des femmes, c’est l’extase. Il faut être de marbre pour rester insensible. En pleurs, la Strato de 1966 compatit de quelques accords sensibles et émotifs et de riffs acérés d’animosité.
‘I’ve been mistreated, I’ve been abused. Somebody rape me, not been accused. You’d better listen, to my advice. I’ve been mistreated, and lost my life’.


Lorsque ‘Gloomy Sunday’, chanson émouvante de Serge Gainsbourg sur le thème d’une séparation amoureuse inspire Mr Hardearly, ce dernier en fait une composition, ‘Open Wide’. Sa voix se fait langoureuse, complice et bluesy, la six cordes monte crescendo et se la joue envoûtante.
Aint’ the life that I chose but the way that I lose is mine.
On the day I’ll be cold my eyes still open wide.


Cheveux au vent, vous suivez ces ‘Two riders’ sous un ciel sombre et tourmenté. A train d’enfer, les riffs acérés s’accélèrent et vous mènent, accompagnés de Greg Deletang au saxophone, en direction de la Louisiane. “We are two riders, like two brothers. We are two riders in the storm.”
Sur ‘Same old flow’, les riffs de la Gibson Les Paul se font brûlants, rageurs et tourmentés lorsque se posent les questions sur le bilan d’une vie. Et comme dans ses précédents albums, deux adaptations de reprises sont souvent présentes. Il en est de même dans cet opus. Un blues, bien sûr, comme il se doit, ‘Blue mood’ de T-Bone Walker, joué avec une extrême sensibilité acoustique, accompagné de Sylvain Designe à la batterie. Egalement ‘When a blind man cries’, de Deep Purple, dont cette version également acoustique est à la fois étonnante et émotionnelle. Ces deux titres sont joués avec cette guitare Martin déjà citée, domptée par les mains du bluesman hors pair, tout en sublimant l’éclat argent de ses bagues amérindiennes.
Cet album Mean Blues est incontournable. Il fait partie de ceux pour qui le temps qui passe ne compte pas, car c’est un intemporel du blues, et le restera.


Amis lecteurs de Paris Move, la sortie officielle de cet album Mean Blues est prévue pour le mois d’avril, situation actuelle oblige. Néanmoins, vous pouvez vous le procurer directement sur le site officiel de Mr Hardearly, dans la rubrique ‘Boutique’, alors n’hésitez pas, c’est ICI
4 titres sont proposés en écoute sur cette page: ICI
Rendez-vous également sur sa page Facebook, ICI

Alain AJ-Blues
Rédacteur en chef adjoint – Paris-Move

PARIS-MOVE, January 30th 2021

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Message personnel:
Please, Mr Hardearly, please.
Nous attendons avec impatience de ta part un album de blues acoustique. Nous en avons déjà discuté ensemble. Tu vois, le truc voix, guitare, harmo, simple et épuré qui transpire la sueur du labeur dans les champs de coton. Nous serions heureux de te retrouver quelque part, sur les rives du Mississipi ou ailleurs, sous quelques lambeaux de nuages cotonneux. Soit autour d’un feu de camp sous un ciel étoilé, soit autour d’une grande table et de quelques chaises bancales pour un repas frugal. Nous ne sommes pas fiers, on s’en fout si la marmite n’est pas propre. Je ne peux pas te promettre la présence de Robert Johnson, par contre tu es assuré de celle de Blind Lemon Jefferson. L’impératrice du blues, Bessie Smith, accompagnée de Big Mama Thornton, viendra dans sa vieille Packard au châssis en bois. Charley Patton promet de ne pas boire comme un trou ni de courir les filles. Bon, ce n’est qu’une promesse, tu le connais… Avec Sonny Boy Williamson I et Howlin Wolf, tu dois t’en douter, la fête du ruine-babines est assurée.
Te rends tu compte, tu vas partager tes riffs avec Big Bill Broonzy et Big Joe Williams. Je viens tout juste d’avoir l’accord de chacun deux. Veinard!
Please, Mr Hardearly, please.
Que les démons du blues t’accompagnent, et que notre souhait devienne réalité. Vivement la sortie de cet album blues acoustique!
(Alain AJ-Blues)

 

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Mr Hardearly – Mean Blues

(Rebel Music – Socadisc – 2021

Ecrit par Fred Delforge

 

Fort de ses expériences dans des groupes de hard rock puis de blues mais aussi de nombre d’affiches partagées avec des grosses pointures comme ZZ Top, Status Quo ou Bernard Allison, le guitariste Eric Moutard a décidé de former son projet personnel, Mr Hardearly, il y a une petite quinzaine d’années, et de continuer à promener ses guitares sur les routes de France et d’Europe en distillant un blues rock qui lui va plutôt bien.

Considéré comme un des meilleurs guitaristes de sa génération, l’artiste n’en est pas moins un chanteur assez inspiré et nous sort en ce début d’année un tout nouvel effort, « Mean Blues », dans lequel il met une fois de plus nombre de ses propres compositions mais aussi deux reprises empruntées à Deep Purple et à T-Bone Walker. Accompagné de Jean-Philippe Bernaux à la basse et Frédéric Turban à la batterie, Mr Hardearly s’est enfermé dans son studio valdoisien et a fignolé cette nouvelle rondelle où il souffle le chaud et le froid avec des blues rock saignants à souhait mais aussi des blues lents sur lesquels son chant a parfois un peu plus de mal à donner le change.

Disciple des Freddie King, Stevie Ray Vaughan, Jimi Hendrix et autres Eddie Van Halen, le guitariste n’oublie jamais de montrer qu’il a parfaitement assimilé le style de ses idoles, quitte à en oublier parfois de faire montre d’une plus grande originalité alors qu’il n’en manque pourtant pas, mais c’est sans doute le seul petit regret qui ressortira de l’écoute d’un ouvrage qui ravira forcément les amateurs de belles guitares, le rocker touché en plein cœur par le blues ne manquant pas la moindre occasion d’associer les deux genres pour un résultat qui tient plutôt bien la route.

Des apports de claviers mais aussi de saxophone et des arrangements recherchés finissent de mettre une belle touche de mélodie à de véritables chansons dont certaines s’offrent même des refrains entêtants et c’est avec ses « White Flag », « What The Hell Is Going On », « Mistreated », « Two Riders » ou encore « Same Old Flow » que Mr Hardearly que finit d’apporter son sceau à un album où la multiplicité des couleurs ne nuit pas à une certaine homogénéité. Tantôt à fond les ballons, tantôt plus apaisé, voire même parfois lent et plein de profondeur, Mr Hardearly s’offre un nouvel album qui, s’il n’est pas forcément le plus accessible de sa discographie, mérite quand même que l’on se penche attentivement dessus. Déjà dans les bacs !

Mr HARDEARLY au Blues Corner à Versailles le 15 mars 2019
Reportage: Alain AJ-Blues – rédacteur en chef adjoint (Paris-Move)
Photos de Mr HARDEARLY: © Alain AJ-Blues

“La musique saura toujours trouver son chemin vers nous, avec ou sans business, politique, religion ou toutes autres bêtises liées. Chaque fois que vous saisissez votre guitare pour jouer, jouez comme si c’était la dernière fois.” – Eric Clapton

 

 

Pour nous, en ce 15 mars 2019, ce n’est ni la première ni la dernière fois que nous nous rendons au Blues Corner à Versailles. Une nouvelle fois, remercions toute l’équipe du lieu pour leur accueil chaleureux et toujours ce choix d’une belle programmation qui, pour nous, est une bénédiction. Si preuve encore en fallait-il une, ce soir Mr Hardearly est à l’affiche de cette belle scène versaillaise dédiée au Blues.
L’occasion est toujours belle ici de retrouver des amis, photographes et autres personnes, pour partager une table sur le devant de la scène pour que soit la vraie complicité, loin d’un monde virtuel.
Cela faisait pas mal de temps que nous n’avions pas retrouvé Mr Hardearly, du moins en concert. Donc ce soir, sincères seront de mise pour ces retrouvailles les accolades des compères!

 

Place au premier set avec ce titre ‘Before you accuse me’, chanson écrite en 1957 par Bo Diddley. Mr Hardearly nous la joue version Clapton, avec un démarrage en trombe. Les premiers riffs de guitare abondent pour que déjà les bras nous en tombent.
Le Sieur Hardearly, fidèle à cette formation en trio, avec brio, est puissamment accompagné de Jean-Philippe Bernaux à la basse et aux choeurs et de Sylvain Designe à la batterie. Tous les deux, musiciens confirmés, concentrés dans la densité de leur jeu respectif, raffiné et inné, vont également nous étonner et nous fasciner.

 

Après cette composition ‘You don’t love me’, de l’excellent album ‘White Urban Blues’ de 2013, Mr Hardearly consacrera ce premier set essentiellement à d’autres compositions, celles de son dernier album, ‘I’m a Bluesman’, sorti en septembre de l’année passée.

Les titres s’enchainent… ‘My cradle’, ‘One desire’. Mr Hardearly dégaine, et diluvienne, cette Stratocaster de 1974 d’origine se déchaine.
Un seul titre, ‘I’m a Bluesman’, sera joué en ‘slide’ avec une autre guitare, une Fender Telecaster de 1978 d’origine, et ainsi à l’unisson avec le blues nous ferons communion et le plein d’émotions.

Forte est la complicité sur scène entre les trois artistes membre de ce trio infernal, mais également, belle est la connivence avec l’assistance. Mr Hardearly nous explique ses textes, donnant quelques précisions avec une touche humoristique ponctuée de quelques mimiques, pour présenter ses chansons.

Citons quelques autres compositions de ce dernier opus: ‘Over your shoulder’, ‘Your eyes can’t see’, ainsi que ‘Lazy’, une adaptation d’un titre de Deep Purple revisitée à la sauce Hardearly. Des adaptations que le bougre sait proposer avec une touche personnelle qui, à chaque fois, fait mouche et fait presque sonner cette ‘cover’ comme une compo signée Mr H.

 

Durant un long moment, assis devant la scène, fasciné et jouissant comme dans un semblant d’enivrement, sur “OFF” j’ai positionné mon reflex Canon.
Sur “ON” j’ai laissé divaguer mes errances émotionnelles, profitant de quelques élans vibrationnels. Heureux, j’ai fermé les yeux. J’avais cette impression, et je vous en fais confession, d’entendre devant moi jouer deux guitaristes qui entre eux conversaient par riffs interposés. Je vous assure que cela n’était pas dû à la bière que j’avais bue, car vous avez ma parole, elle était sans alcool.
Retour à la réalité… Je rouvre les yeux. Sur scène, pas d’imbroglio, sous un halo bleu indigo joue seulement seul… un seul ‘Guitar hero’.

Après ces deux titres, ‘Heart & soul’ et ‘Fever’, puisés dans l’album ‘X-perienced’ de 2016, et avant que ne se consume entièrement à vitesse grand V la mèche s’approchant inexorablement du stock de feux d’artifice, Mr Hardearly se charge lui même de mettre le feu avec quelques riffs incendiaires chargés d’électricité sur ‘Fire’, titre mythique de Jimi Hendrix.

 

Gares aux étincelles à venir, il est temps pour nous tous de faire une petite pause, d’aller prendre l’air et de reprendre nos esprits.
Durant ce premier set, l’applaudimètre a souvent flirté avec la zone rouge, et il en sera de même dès le début du deuxième set, ici, dans cette belle ville du Roi Soleil, loin de la Louisiane et de Baton Rouge. Naguère musique crépusculaire dans les champs de coton, aujourd’hui loin des bas-fonds, sans aucune différence de couleur de peau, dans la lumière, le Blues se joue sans frontières.

Flash back et petit retour sur la discographie de Mr Hardearly. Deux titres, ‘Sonnie’ et ‘I got news’, de l’album ‘X-perienced’, ainsi que ‘My kind of woman’ et ‘If I was doing the same’, de l’album ‘White Urban Blues’, seront joués.

Ensuite, s’adressant au public, Mr Hardearly annonce: “Maintenant vous allez chanter avec moi, car je vais jouer des standards que vous connaissez tous!”

Debout sur une chaise ou parcourant la salle de long en large, non avare de ses riffs de guitare, Mr Hardearly assure le show. Pour, disons le, un bel acoquinement avec le public. Tour à tour et sans détour, il fera chanter les femmes, il fera chanter les hommes, il fera chanter tout le monde, ensemble, comme sur ‘Superstition’ de Stevie Wonder ou encore ‘Come Together’ des Beatles. Ce titre sera d’ailleurs chanté à deux voix avec celle de son bassiste Jean-Philippe Bernaux.

Ce dernier, aux choeurs sur une majorité des titres, se libère de derrière son micro lorsque l’occasion se présente, pour rejoindre son guitariste et tous deux ensemble, côte à côte ou l’un en face de l’autre, se taillent la part belle pour enflammer la salle.

Sur ce titre ‘I shot the Sheriff’ de Bob Marley, Jean-Philippe se lâche totalement et nous offre un long et sublime solo d’enfer à la basse qui nous collera quelques frissons et qui sera fortement et longuement applaudi. Tout comme Sylvain Designe le sera derrière ses fûts et cymbales, généreux de sa frappe et sa dextérité.

Mr Hardearly respecte et sait rendre hommage à ses musiciens, les valorisant pour que chacun puisse s’exprimer en toute spontanéité et virtuosité dans cette formation en trio qui, humainement et musicalement, n’est pas forcément une évidence. Clapton pourrait vous le confirmer, lui qui fut le guitariste du groupe culte CREAM.
La fin du concert approchant, nous aurons une belle surprise. Mr Hardearly invite Steve Glories, jeune et talentueux guitariste, à le rejoindre sur scène pour deux titres: ‘Cocaine’, un titre signé J.J. Cale mais interprété ce soir en version Clapton, et ‘Since I met you babe’, de Joe Hunter.

Cette complicité entre deux générations et ce respect mutuel est un atout qui se lit dans les yeux de chacun des duettistes improvisés pour, ensemble, partager leur passion commune et ne faire qu’une.
Mr Hardearly fait pleurer de quelques riffs acérés sa Strat de 1974, et Steve, avec sa Strat de 1963, lui répond de son jeu fin et racé. A ce moment, j’étais scotché devant la scène, les yeux grands ouverts. Si je les avais fermer, dans mes délires j’aurais sûrement eu cette impression d’entendre jouer 4 guitaristes devant moi!

Après chaque solo de Steve, Mr Hardearly fera applaudir le public, pour que le jeune ait droit à une ovation méritée. Durant cette soirée nous avons vécu des moments forts, chargés d’émotion, et cette complicité entre ces deux guitariste en fut un. Un grand coup de coeur, parmi tant d’autres…

Deux bonnes heures se sont écoulées. C’est la fin du concert. La mèche s’est totalement consumée. Fusent dans nos coeurs les feux d’artifice aux multiples couleurs et fusent les ovations du public pour un dernier titre en rappel.
Mr Hardearly demande au public de se lever et de venir se regrouper devant la scène pour danser, si certains le souhaitent.


Pour le bouquet final, en apothéose, Mr Hardearly descend de scène et se mêle au public pour quelques facéties et quelques délires avec certains dont nous ferons partie. Tous unis, nous frapperons dans nos mains, sourires aux lèvres, petites larmes de bonheur au coin des yeux, et nous reprendrons tous en choeur les paroles de ‘Another Brick in the Wall’ de Pink Floyd.

Une nouvelle fois, nous avons vécu une soirée exceptionnelle au Blues Corner!
Dans ce domaine de prédilection qu’est le Blues, Mr Hardearly est incontestablement un des meilleurs guitaristes de sa génération. Je sais, même si je me répète, je vous l’ai déjà dit et également écrit, mais rassurez-vous, je ne souffre pas de l’Alzheimer Blues. Mr Hardearly est tout simplement l’un des tous meilleurs guitaristes de Blues de sa génération. Et son dernier album le démontre avec éclat!

Je pense vous avoir tout dit…
Mais non, car j’allais oublier de vous rappeler que vous pouvez (re)découvrir l’interview de Mr Hardearly réalisée en juin dernier pour la sortie de l’album ‘I’m a Bluesman’, ICI, sur le site PARIS-MOVE.

Et profitez-en pour relire également la double chronique de cet excellent album, ICI

Pour commander les albums de Mr Hardearly et suivre ses dates de concerts un peu partout dans l’hexagone, rendez vous sur sa page officielle Facebook, ICI, ainsi que sur son site officiel, ICI

 

 

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Interview Mr Hardearly

19 janvier 2019

Préparée et réalisée par Christophe Dameuh Lebœuf

 

 

 

 

 

 

Credit Photos: Thierry WAKX et Vincent NEVEU

 

 

Mr Hardearly fête ses 10 ans de carrière avec un nouvel album résolument Blues. Cette artiste atypique du Val d’Oise connaît parfaitement bien son sujet. Et son disque est un retour aux sources qui sent bon la musique du Diable et les solos de guitares. Il était tout naturel de vous le faire découvrir en lui posant quelques questions…

 

Blues Magazine : Bonjour Éric, peux-tu te présenter à nos lecteurs ?

Mr H : Je suis le guitariste/chanteur du groupe Mr Hardearly qui fête ses 10 ans cette année, et je suis musicien depuis plus de 30 ans, dans diverses formations (Blues notamment). On sort notre 4ème album, et on a aussi déjà enregistré 2 DVD en concert et 2 CD live en plus. On tourne en Europe, principalement, avec 60 dates par an.

 

BM : Maintenant, peux-tu nous présenter tes musiciens ?

Mr H : Alors, à la basse et aux chœurs, il y a Alain Gibert, qui m’accompagne depuis plusieurs années déjà et qui joue sur les derniers albums, ainsi que Fréderic Rottier, un vieux briscard du métier, qui nous a rejoints il y a 2 ans. Ils assurent une rythmique très assise, ce qui me permet d’être confortable sur scène, et de m’exprimer pleinement.

 

BM : Ce sont toujours les mêmes depuis dix ans ?

Mr H : Non, il y a eu quelques changements de personnel, dus à des contraintes familiales (naissance, déménagement…), mais aussi, parfois, à des divergences musicales ou personnelles !

 

BM : Parle-nous de ton nouvel album, I’m a Bluesman ?

Mr H : C’est mon album, le plus personnel et le plus abouti des 4. Il contient 12 titres, dont 2 reprises de Deep Purple et Junior Wells). Il me ramène à mes racines, d’où le titre. J’ai voulu revenir à des compositions plus British Blues, avec toujours cette volonté de coller à notre époque, au niveau des textes, et évoquer des sujets actuels, comme les relations parents/enfants, les familles monoparentales ou bien le rapport avec l’argent.

 

BM : On ressent, dans ton jeu de guitare, une forte influence du Rock des 70’s ?

Mr H : Oui, tout à fait, je suis fan de Johnny Winter, Jeff Beck, Jimi Hendrix, Stevie Ray Vaughan et bien d’autres encore. Sans être nostalgique ou passéiste, je trouve que les 60 et 70’s étaient vraiment très artistiques, car l’humain était un élément central de la création, et il y avait beaucoup de bons musiciens. Puis, dans les 80’s, les synthés et boîtes à rythmes sont arrivés, puis les ordinateurs et le numérique dans les 90’s, et l’intervention humaine est devenue moins capitale, voire accessoire dans certains styles de musique. J’aime ce son très roots, avec les défauts qu’il comporte. Toutes mes prises de guitare, en studio, sont live, et mes solos sur scène sont toujours improvisés. J’aime mélanger différentes influences, comme le Blues, le Funk, la Soul et le Reggae.

 

BM : En 25 ans de carrière, tu as croisé sur scène de nombreux artistes. Quels sont tes meilleurs souvenirs ?

Mr H : J’avoue que c’est magique de croiser dans les loges Status Quo ou les Commitments, même s’ils sont très protégés des interventions extérieures. Toutes ces rencontres m’ont rendu plus riche humainement. Parfois, les circonstances te permettent d’assister à des concerts privés, comme en 2003 avec Status Quo, où il n’y avait que 500 personnes devant la scène. Un souvenir unique. Et puis, partager la scène avec Bernard Allison, dans un petit club de St-Ouen, ça aussi c’est mémorable.

 

BM : Sur cet album, tu as Fred Chapellier en invité. Comment s’est passée cette rencontre ?

Mr H : On s’est rencontrés à l’un de ses concerts, par l’intermédiaire de notre tourneur Gérard Van Maele (Ze Music Tour). Je souhaitais avoir quelques invités sur le nouvel album pour les 10 ans du groupe, et Fred était naturellement le 1er auquel j’ai pensé. J’adore son jeu de guitare et, surtout, je respecte son parcours. Il porte le flambeau du Blues en France actuellement. Il a tout de suite accepté de participer à l’album.

 

BM : Vous avez du bien vous amuser en jouant ensemble ?

Mr H : Eh bien, pour tout te dire, Fred à la chance de beaucoup tourner avec ses différents projets, et c’est mérité, et donc, nous n’avons pu nous retrouver en studio. On était tenus par le temps pour la sortie de notre album, et Fred m’a envoyé les parties de guitare qu’il avait enregistrées chez lui, sur nos enregistrements rythmiques, par Internet. Puis, j’ai mixé le tout dans mon studio El Grotto. C’est la magie d’Internet ! Le résultat est vraiment énorme, Fred s’est lâché et on sent qu’il s’est fait plaisir. Cela sonne grave !

 

BM : Avec quel autre musicien aimerais-tu jouer ?

Mr H : J’avais contacté Neal Black pour participer à notre album, mais nous n’avons pas pu concrétiser l’enregistrement, pour des raisons de planning et impératifs techniques. Mais ce n’est que partie remise… J’aime également le jeu d’Arnaud Fradin dans Malted Milk, Manu Lanvin dans un style plus Rock n’ Roll, Mathieu Chedid également. Il y a tellement de bons musiciens en France, avec qui j’aimerais faire quelque chose, que je ne peux pas tous les citer.

 

BM : Quel sont les musiciens ou groupes de Blues Français que tu admires le plus ? Je parle de leur façon d’aborder le Blues et de leur jeu de scène.

Mr H : J’apprécie les artistes de Blues Français dans leur ensemble. Ils perpétuent tous, dans leur style, une tradition. C’est ce qui fait que la France est aussi un pays riche artistiquement parlant, de part sa diversité musicale, mais également par les différentes cultures qui l’animent.

 

BM : Aimerais-tu aller jouer en Asie ou aux USA ?


Mr H : Oui, pourquoi pas, mais comme je ne prends pas l’avion, cela complique passablement les choses (rires). Je suis déjà loin d’avoir exploré toute l’Europe, alors cela me laisse encore pas mal de pays à visiter. Et puis, Gandhi a dit : Le plus grand voyageur n’est pas celui qui a fait 10 fois le tour du monde, mais celui qui a fait une seule fois le tour de lui-même. Plaisanterie mise à part, j’aimerais bien aller jouer dans les pays de l’Est, comme la Pologne, qui propose un magnifique Festival de Blues.

 

BM : Maintenant, je te laisse la parole, as-tu un message à faire passer ?

Mr H : Pour les aficionados, je voudrais parler rapidement du matériel que j’ai utilisé pour l’enregistrement de cet album et sur scène. Mes amplis sont un Fender Deluxe Reverb réédition 65, une tête Marshall 2060X et une tête Vox Nigh Train V1. Mes guitares sont des Fender Stratocaster de 79 couleur bois (nommée Stevie en hommage à SRV), une 1979 Anniversary (Anny), ainsi qu’une 1974 noire (Blackie en hommage à Clapton), qui a un son monstrueux comme vous pouvez le voir sur scène. Mes effets sont un tube screamer original, une pédale wha wha Vox, un delay Boss et un compresseur MXR. Que des choses simples en résumé…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ce nouvel opus propose 12 plages, dont 10 compositions, une musique qui sent bon les 70’s, avec des solos de guitares qui nous rappellent les grands guitaristes de cette époque. Mr Hardearly est un grand guitariste Français qui laisse la part belle à son instrument sur cette galette. Il nous transporte et nous fait rêver avec sa musique qui se balade entre Blues et Blues Rock. Un opus énergique, qui plaira aux nostalgiques des précurseurs du Rock, tels que Deep Purple ou Led Zeppelin. À découvrir.

 

Christophe Dameuh Lebœuf

 

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Mr HARDEARLY – I’m a Bluesman

Rebel Music / Socadisc

Blues-Rock  ****  tres bon

Là haut, bien au dessus des nuages, dans la strato…sphère ou caster, brillent les étoiles au firmament, et conversent entre elles les légendes autour du feu sacré, celui qui jamais ne s’étreindra car éternel il est. Enjoué, Jimi Hendrix se laisse aller à quelques confidences. “Le blues est facile à jouer, mais difficile à ressentir. Ils m’ont imité tellement bien que parfois j’entends des gens copier mes erreurs. La musique est magique, la musique c’est la vie. Techniquement, je ne suis pas guitariste, tout ce que je joue c’est la vérité et l’émotion. La musique est ma religion.”Avec humilité, rétorque Stevie Ray Vaughan: “Si essayer de faire de mon mieux ne suffit pas, j’essaierai encore plus dur la fois d’après, c’est tout ce que je peux faire. Je vais même avouer, je dors avec ma guitare quand ma femme n’est pas là.”
Sourires au lèvres et avec humour, Johnny Winter réplique: “Les meilleurs artistes sont morts, maintenant. Je pense que le blues sera toujours dans l’air ambiant, les gens en ont besoin.”
Discret, Gary Moore acquiesce: “Si vous êtes un joueur expressif, les gens peuvent sentir que c’est une chose émotionnelle et cela devient une extension de vous même.”

Parmi beaucoup d’autres, ces quatre guitaristes cités sont les dignes héritiers des grands bluesmen, noirs pour la plupart, qui les ont précédés quelques décennies auparavant. Dans cet oasis de paix devenu leur jardin d’éden pour l’éternité, tous ces maîtres incontestés, regards portés vers notre planète bleutée, se réjouissent d’entrevoir et de découvrir ceux qui seront ou sont désormais devenus leurs disciples. On ne récrit pas l’histoire, on la perpétue.
Soyons un peu chauvin, restons dans l’hexagone, car une multitude d’artistes et de groupes excellent aujourd’hui, et disons le, cela ne date pas d’hier, dans ce monde du blues que nous affectionnons.
Gamin, dès ses premiers accords de guitare, il en rêvait, venir un jour jouer dans la cour des grands. La réalité a surpassé le rêve, au gré du temps l’adolescent est devenu mutant et a donné vie à Mr Hardearly. Le blues a pris possession de lui, le diable est désormais dans sa peau, et sa guitare converse avec les anges.

Fort d’une expérience de dix ans en tant que Mr Hardearly, après tant de labeur accompli, l’artiste persiste et signe un quatrième album. Dès ce premier titre, l’intitulé de l’opus, ‘I’m a Bluesman’, nul besoin de s’appeler La Palice, car Personne (excepté Paul peut-être… et encore…) ne peut nier l’évidence: la Stratocaster est domptée de mains de maître. Le Sieur Hardearly officie comme étant un des meilleurs guitaristes blues/rock de sa génération.
Citons quelques compositions sur la dizaine figurant dans l’album. Même si l’emprunte indélébile des ses mentors est omni présente, Mr Hardearly renoue avec les origines et joue diaboliquement sous leur emprise.
Ces titres, ‘Over your shoulder’, ‘My cradle’, ‘A place in my heart’, sont des pépites, des joyaux taillés sur mesure dans un diamant brut, du Blues à l’état pur. Ensorcelée, la ‘Strat’ se laisse aller, elle se la joue sauvage et féline rugissante sur ‘Your eyes can’t see’. Apprivoisée, elle se fait câline, chatte ronronnante sur ce jouissif blues langoureux, ‘CC (the mean guy)’. Cette petite reine des seventies retrouve ses instincts et tous les éclats de sa jeunesse.

Fidèle à cette formation trio que l’artiste affectionne, sont présents à ses côtés Alain Gibert à la basse et aux choeurs, et Frédéric Rottier à la batterie. Comme le dit si bien Mr Hardearly: “L’avantage du trio, c’est quand même de jouer sans filet, il y a de la place pour chaque musicien, sans la possibilité de se cacher derrière son instrument. Chaque note que les musiciens jouent est entendue et partagée avec les public.”
Cerise sur le gâteau ou fève dans cette succulente galette, en grand seigneur, Monsieur Fred Chapellier tire les rois et partage ses riffs sur cette compo, ‘Hey where’s the money’.
Citons également les deux reprises de l’album, ‘Lazy’ de Deep Purple’ et ‘Little by little’ de Junior Wells, figure du Chicago blues dont, sans connaitre les paroles de cette chanson, tout le public pourra les reprendre en choeur lors d’un prochain ‘live’ auprès de notre ténor de la six cordes.

Mr Hardearly dédicace cet album, ‘I’m a Bluesman’, à la mémoire de différentes personnes, guitaristes et autres, dont l’écrivain Frédéric Dard. Je reprends une citation de ce dernier, car je pense qu’elle sied bien à l’histoire des légendes du blues et résume la vie en général: “Vis ton présent, et laisse ton passé pour l’avenir.”

Alain AJ-Blues
Rédacteur en chef adjoint – Paris-Move

 

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Dix ans déjà, des centaines de concerts au compteur et un nouvel album pour fêter l’évènement. Mr. H ne voit pas le temps passer et n’a pas envie d’arrêter.   

Blues Again : Le trio fête ses 10 ans, quel bilan fais-tu de cette décennie ?
Mr. Hardearly : Comme je le dis souvent : je ne suis pas riche financièrement mais je suis riche humainement. Le public et les professionnels nous ont tellement apporté de bonnes vibrations et beaucoup d’énergie aussi que je n’ai pas vu passer le temps.

Y a-t-il eu des regrets au cours de ces 10 années ?
D’avoir parfois perdu mon temps avec des gens qui n’en valaient pas la peine. Ça nous arrive à tous et c’est ce qui nous fait murir et nous endurcit. Je sais maintenant exactement où je veux aller et avec qui. Enfin je crois.

Tu tournes pas mal, combien de concerts fais-tu par an ?
On a la chance de faire une soixantaine de concerts par an et ce depuis plusieurs années déjà. Le public et les programmateurs nous suivent et c’est très flatteur pour nous.

 
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Après dix ans sur le circuit est-ce plus facile ou toujours aussi délicat pour décrocher des contrats et des lieux où se produire ?
Je ne te cache pas que trouver des dates est de plus en plus dur malgré une notoriété qui s’élargit. Le plan Vigipirate et le durcissement des consignes de sécurité ont fait beaucoup de mal aux organisateurs. Et puis malheureusement, il y a toujours des endroits qui ferment faute de fréquentation et d’autres qui n’ont plus que le budget pour accueillir des groupes amateurs. Nous sommes vraiment chanceux d’avoir autant de dates chaque année.

Le plus beau souvenir ou le plus cocasse (ou les deux) ?
Le plus beau souvenir, c’est quelqu’un qui est venu me voir après un concert il y a quelques années et qui m’a dit texto : « en venant ici j’avais envie de me foutre en l’air car je suis très malade et fatigué, mais ce soir j’ai entendu quelques notes qui m’ont redonné du courage et envie de me battre ». Je crois que c’est le plus beau compliment qu’on m’ait fait…

As-tu vu des changements majeurs dans le métier depuis tes débuts ?
Hoooo oui ! Le public consomme la musique live de manière différente. Les gens ne veulent plus un volume sonore élevé et sentir les vibrations dans leur corps (et les voisins non plus). Ils essayent de retrouver le confort qu’ils ont devant leur écran géant à regarder un DVD. Cela nous oblige à mettre plus d’énergie dans la musique et moins dans le volume sonore. Il y a 30 ans on pouvait jouer place de la Bastille (en plein Paris) à fond de volume jusqu’à 2 heures du matin. Aujourd’hui c’est impossible !

Présente-nous tes compagnons de jeu…
A la basse et aux chœurs, il y a Alain Gibert qui joue dans le groupe depuis 4/5 ans maintenant. Une pièce maîtresse.  A la batterie Frédéric Rottier, un vieux briscard du métier qui assoit bien la rythmique et amène une bonne assise à notre musique. Ce sont eux que vous pouvez entendre sur notre dernier CD.

 
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Ce nouvel album qui vient de paraître, comment est-il né ?
Il y a 12 titres (10 compos et 2 reprises). Nous avons choisi cette fois encore, d’enregistrer live dans mon studio El Grotto en région parisienne. Je m’y sens personnellement à l’aise, je connais bien le son et il me convient. J’y puise un son roots, blues, rock et funk à la fois. Il m’inspire pour composer, arranger et mixer les titres. Et puis il y a surtout tout mon matériel vintage dont je ne pourrais me passer pour enregistrer.

Il y a toujours une ou deux reprises sur tes disques, cette fois ce sont ‘Lazy’ de Deep Purple et ‘Little By Little’ de Junior Wells pourquoi justement ces deux-là ?
On a choisi de faire une reprise connue pour surprendre notre public et une autre beaucoup moins connue afin de titiller sa curiosité. J’ai grandi avec Deep Purple entre autres et ce groupe fait partie de mes racines. Pour la reprise de Junior Wells, j’ai entendu une version de ce titre par BB King et je me suis dit que j’aimerais bien faire ma propre version. Ça a été un flash.

Combien de temps as-tu mis pour venir à bout de cet album ?
Entre la composition, l’enregistrement et la finalisation (mixage, mastering, pochette…) il m’aura fallu entre 1 an et demi à 2 ans. Je laisse venir l’inspiration. Je ne suis pas quelqu’un de prolifique. Je n’ai pas le temps de maquetter 40 chansons pour n’en garder que 12 ou 13 au final. Alors j’essaie de laisser murir les idées dans ma tête et quand je pense en avoir une qui tient la route, je la maquette pour la proposer au groupe. Si j’oublie une chanson c’est qu’elle ne devait pas être assez bonne.

La composition ‘I’m A Bluesman’ qui a tous les attributs d’un standard a-t-elle été fixée rapidement ou a-t-elle demandé du temps à mûrir ? 
J’avais l’idée du texte (I’m a Bluesman but a cool man understand) et je voulais un rythme assez boogie. Pour les 10 ans du groupe, je voulais rejouer du bottleneck sur scène et c’est la conjonction de ces 3 facteurs qui a donné cette chanson. Il a fallu que je rebosse le slide (que j’avais laissé de côté depuis plusieurs années) car il y a tellement de bons joueurs de bottleneck que je ne voulais pas être ridicule.  Je l’avoue, j’ai piqué quelques plans à Johnny Winter (dont je suis un inconditionnel) mais aussi à Greg Allman et Warren Haynes. Puis j’ai fait mon mix perso de tout ça et vous pouvez écouter le résultat sur le CD. 

Un invité spécial sur un titre, pourquoi lui et pourquoi sur ce titre ?
Je voulais avoir des invités sur le CD pour les 10 ans du groupe, alors j’ai invité plusieurs guitaristes et harmonicistes de renommée à intervenir sur l’album gracieusement mais beaucoup ne m’ont même pas répondu et les autres me demandaient d’être payés. Le premier à m’avoir répondu et à avoir accepté de venir jouer gratuitement a été Fred Chapellier. Puis Neal Black a également accepté mais l’enregistrement n’a pu se faire pour des raisons techniques et de planning.  Next time Neal !  Fred a été très efficace sur ce titre et y a vraiment mis tout son talent. Un régal. Le texte parle de cette expérience et de l’esprit vénal de certains artistes d’où le titre ‘Hey Where’s The Money ?

Sur certaines compositions tu complètes ton jeu de guitare par une intervention aux claviers, te sens-tu limité par moment par la formule du trio ?
Non, j’adore jouer en trio, cela fait tellement longtemps que ça fait partie de moi, de mon jeu. Mais en studio, parfois je me dis, tiens ici je mettrais bien un orgue Hammond ou une clavinette pour le groove. Alors comme mes potes claviéristes ne sont pas toujours dispos et souvent en tournée, et bien je m’y suis collé et ce depuis le premier CD de Hardearly. Mais ça reste des parties discrètes qui n’empiètent pas sur la guitare, elles amènent juste une petite coloration supplémentaire.

 
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Comment t’est venue l’idée de cette chanson sur Caryl Chessman, serial killer américain de la fin des années 50 ?
Cette chanson a été enregistrée il y a 5 ou 6 ans. Il y avait la chanson de Nicolas Peyrac (tu vois le blues mène à tout) ‘So Far Away’ qui passait à la radio en voiture. Il y a 3 phrases qui m’ont interpellé : « Monsieur Caryl Chessman est mort/ Mais le doute subsiste encore/
Avait-il raison ou bien tort ? »
. J’avais lu son livre étant ado et j’ai voulu faire une chanson sur la peine de mort. Je suis toujours surpris qu’aujourd’hui, dans certains états aux USA, la peine de mort continue d’exister car cette sanction est sans appel et ne donne pas le droit à l’erreur (et que les Américains soient toujours armés également !). Cette chanson parle de cela à travers Caryl Chessman qui a toujours nié avoir tué cette personne. Je l’avais gardée en réserve car elle ne correspondait pas au style des albums précédents. Et puis je suis retombé dessus il y a 2 ans et je me suis dit que ce serait le bon moment pour l’inclure dans le prochain CD.

Après ce nouvel album quel est ton prochain défi ?
J’ai déjà des projets pour 2019 avec Ze Music Tour mais chut, ne vendons pas la peau de l’ours… Sinon un de ces quatre, j’aimerais enregistrer un album acoustique, peut-être de reprises, à voir… Et puis il y a tellement de musiciens avec qui j’aimerais jouer que tu vois la retraite n’est pas pour tout de suite. 

Tu disais il y a 2 ans : « J’aimerais ouvrir mes doigts à d’autres styles : le jazz, le manouche et pourquoi pas refaire un peu de métal fusion comme dans les années 80 ». Où en es-tu ?
Ha ha ha ! Nulle part. Manque de temps. Mr Hardearly me prend tout mon temps et toute mon énergie. Mais cela reste toujours dans un coin de ma tête. C’est marrant que tu te sois rappelé de cela. Peut-être que j’attends de recevoir une proposition de participation sur un album ou une production…

Es-tu toujours investi dans des activités de producteur ?
Oui mais pas autant qu’avant. Par manque de temps, je suis obligé de sélectionner les projets que l’on me propose car je n’aime pas m’engager et faire les choses à moitié par la suite. J’ai dernièrement mixé et masterisé le dernier album en concert de Tony Coleman (batteur de BB King entre autres) et j’en suis très fier. Il devrait sortir début 2019.

 
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Penses-tu refaire une Nuit du Blues à Montmorency ?
Il y aurait dû y en avoir une cette année pour la sortie de l’album mais la municipalité où l’on avait l’habitude de l’organiser m’a planté au dernier moment ! (Sic). Alors peut-être en 2019. Quoi qu’il en soit vous pouvez toujours commander les DVD des nuits du Blues 2010 et 2017 ainsi que notre CD en concert de 2018 sur notre site www.hardearly.com pour patienter.

Quels sont tes projets pour les mois à venir ?
Tourner, tourner, tourner et faire la promo de notre excellent nouvel album. Et préparer l’année 2019 qui s’annonce (si tout va bien) déjà pas mal occupée.

Pour terminer, un petit quiz. En quelques mots, un commentaire sur 10 guitaristes que tu apprécies :
Gary Moore : J’adoooore, même sa période hard rock dans les ’80. J’ai été très triste de sa disparition prématurée c’est pourquoi j’ai écrit le titre ‘Gary’s Gone’ sur notre avant dernier opus
Jimi Hendrix : Un incontournable pour tout guitariste qui se respecte.
Jeff Beck : Un des derniers génies vivants de la guitare. Le maître !
Pat Metheny : Encore un génie vivant, j’adore sa manière d’aborder la mélodie et ses arrangements somptueux.
George Harrison : Un excellent guitariste, trop souvent sous-estimé, par rapport à Clapton notamment. Un compositeur hors pair également.
Keith Richards : Des riffs légendaires depuis des décennies.
Buddy Guy : Comme le bon vin, il se bonifie en vieillissant. Un classique.
Stevie Ray Vaughan : Parti trop tôt lui aussi. Une grosse influence pour moi depuis longtemps). Je lui ai piqué pas mal de truc (ou j’ai essayé du moins) au début où je faisais du blues.
Ritchie Blackmore : Un maitre es riffs. A 15 ans je me suis arraché les doigts sur quelques-uns de ses solos.
Joe Bonamassa : Le renouveau blues. Même si beaucoup de gens ne le considèrent pas comme un bluesman actuellement (comme Gary Moore en son temps), cela viendra, j’espère, avant sa mort. Un virtuose de la guitare (comme Eric Johnson).

Gilles Blampain – septembre 2018

 

Retour aux articles de presse

Blues & co oct 2018 2018

Blues & co oct 2018

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Guitare Xtreme sept 2018

Guitare Xtreme sept 2018

Mr HARDEARLY – I’m a Bluesman

Rebel Music / Socadisc

Blues-Rock  ****  tres bon

Pour ce quatrième album en dix ans de carrière (du moins sous cette appellation), Mr HARDEARLY entendait marquer le coup. Son titre sonne en soi comme un manifeste: Français, certes (même s’il chante exclusivement en anglais), et guitar-hero assumé, le prénommé Éric (là aussi, il y a des précédents) revendique haut et fort sa légitimité à envoyer le blues comme n’importe quel Anglo-Saxon. Deux covers dessinent ici l’étendue de ses références: “Lazy” de Deep Purple, et le “Little By Little” de Junior Wells. Si l’on y ajoute son propre “One Desire” (quelque peu démarqué du “Fire” de Hendrix), reste neuf compos originales, au fil desquelles le bougre donne libre cours à un véritable feu d’artifice de guitar licks à décorner les bœufs. Mais si la puissance de feu est bien de mise, on peinerait à déceler ici le moindre scorie hard ou heavy. Capté (comme ses prédécesseurs) live en studio et en trio, ce skeud aligne comme à la parade le pédigree du bougre: de Johnny Winter (la plage titulaire) à Wishbone Ash (“Over Your Shoulder”), et de SRV à Jimi (“Your Eyes Can’t See” et “Your Home”) ainsi que Buddy Guy et Luther Allison (l’instrumental “My Cradle”), le moutard a manifestement été biberonné aux bonnes sources. Bluesman français ne sonne plus depuis longtemps comme un oxymore, mais Mr HARDEARLY martèle cette évidence avec un panache qui confine à la profession de foi. Comme pour l’adouber en ce sens, le grand Fred Chapellier en personne passe gratifier un titre de sa patte fumante. Bluffant!

Patrick Dallongeville
Paris-MoveBlues Magazine, Illico & BluesBoarder

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A lire, bien sûr, l’interview de Mr HARDEARLY à l’occasion de la sortie de son nouvel album “I’m a Bluesman” sur son site web (avec offre spéciale!) avant la sortie officielle de l’album en Septembre 2018. ITW et photos signées Alain AJ-Blues. ITW à lire ICI sur PARIS-MOVE.

Chronique de l’album de Mr HARDEARLY “X-PERIENCED”: ICI
extrait: “Un guitar hero à la française de plus…? Il fut un temps où l’expression faisait sourire outre-Manche. Gageons que ce ne sera désormais plus forcément le cas.” – Patrick Dallongeville

Chronique de l’album de M HARDEARLY “WHITE URBAN BLUES”: ICI
extrait: “C’est joué à la frontrière de la passion et du charisme électrifié, avec cette étrange sensation que le Gary joue de temps à autre en réponse à Mr Hardearly. Géant, tout simplement géant! Un titre qui vaut à lui seul l’achat de ce digipack dont les fins connaisseurs reconnaitront le coup de griffe de Dom SD pour le graphisme. Super, tout simplement superbe!” – Steve

 

MR HARDEARLY

Ecrit par Fred Delforge  

samedi, 30 juin 2018
 I’m a bluesman    
(Rebel Music – Socadisc – 2018)  
Durée 51’19 – 12 Titres

 
En un quart de siècle passé à arpenter les scènes de France et d’Europe, Mr Hardearly a eu l’occasion de croiser du beau monde et de partager la scène avec des pointures comme ZZ Top, Status Quo, Van Wilks ou encore Bernard Allison et c’est tout naturellement qu’il est devenu une des références guitaristiques de l’hexagone, un statut qu’il assume à la tête de son propre groupe depuis maintenant une dizaine d’années. Quoi de mieux pour célébrer cette première décennie que de proposer un quatrième effort pour lequel l’artificier est accompagné d’Alain Gibert à la basse et Frédéric Rottier à la batterie mais aussi d’un guest exceptionnel puisque Fred Chapellier vient poser ses guitares sur un titre ? En une douzaine de morceaux, Mr Hardearly va tenter de nous démontrer par l’exemple qu’il est un bluesman, d’où le titre de l’album, une démonstration quelque fois un peu plus difficile à admettre tant le naturel de rocker de l’artiste revient au galop quand on essaie de le chasser. Du blues rock la plupart du temps donc, mais aussi de vraies démonstrations d’un bon blues lent bien léché que l’artiste nous sort de derrière les amplis pour le plus grand plaisir des amateurs de belles guitares mais aussi de belles mélodies puisque les titres ne se complaisent pas dans un déballage de prouesses techniques pour au contraire s’afficher comme de vraies chansons. On se laissera ainsi entrainer dans une dizaine de compositions mais aussi dans deux reprises, le célèbre « Lazy » de Deep Purple et le non moins fameux « Little By Little » de Junior Wells qui viennent ponctuer de belle manière un effort marqué par une ballade très typée Scorpions, « Over Your Shoulder », mais aussi et surtout par des titres forts comme « I’m A Bluesman », «  Your Eyes Can’t See », « Your Home », « A Place In My Heart » ou encore « CC (The Mean Guy) », un titre au résonateur, et bien entendu l’énorme « Hey Where’s The Money » sur lequel Fred Chapellier et Mr H se tirent la bourre un peu comme dans une jam. Solide et efficace, ce quatrième album de Mr Hardearly est sans doute le plus abouti du trio à ce jour !

 

ITW de Mr Hardearly, I’m a Bluesman

ITWPM 

ITW préparée et réalisée par Alain AJ-Blues – rédacteur en chef adjoint – Paris-Move
Photos: © Alain AJ-Blues

A l’âge de 15 ans, Mr Hardearly prend le chemin de l’école buissonnière, sa première guitare sur le dos, qu’il domptera à l’écoute de guitaristes mythiques comme Johnny Winter, Jimi Hendrix, Stevie Ray Vaughan et Jeff Beck. Il enregistre alors ses premières maquettes sur un 4 pistes.
Ce tout jeune Titi parisien découvre l’Angleterre au gré de séjours linguistiques et écume les rues de Londres et de Brighton à la recherche d’un vinyle de Clapton ou d’une pédale d’effets. Le sort en est jeté! Notre jeune homme deviendra un virtuose de la guitare et un ingénieur du son estimé. Mr Hardearly joue une musique imprégnée de British Blues marquée par l’esprit des grands maîtres du genre.

En 25 ans de carrière, Mr Hardearly a partagé de nombreuses scènes françaises et européennes avec de multiples artistes de renommée internationale tels ZZ Top, Status Quo, The Commitments, Georgia Sattelites, Van Wilks, Bernard Allison, et bien d’autres encore.
Avec 3 albums à son actif, ‘Still Alive & Well’ en 2009, ‘White Urban Blues’ en 2013, ‘X-Perienced’ en 2016, Mr Hardearly annonce la sortie d’un nouvel opus, un tournant dans sa carrière, reflet de 10 années de travail en son nom qui lui ont apporté une sensibilité bien personnelle qui le hisse aujourd’hui parmi les plus grands noms du blues français.
Le temps passe, inexorablement, et c’est un immense plaisir pour moi de retrouver Mr Hardearly…. et de nous retrouver comme si nous nous étions quittés hier.

Alain AJ-Blues: Eric Hardearly, je te remercie infiniment de nous accorder cette interview exclusive pour Paris-Move. Entrons d’emblée dans le vif du sujet, c’est à dire ce nouvel album ‘I’m a Bluesmam’ dont l’intitulé te correspond tout à fait, tant cette passion du Blues brûle en toi, et ce depuis de nombreuses années.
Mr Hardearly: Le plaisir de nos retrouvailles est entièrement partagé, et je vous remercie également tous les deux de m’avoir si gentiment invité pour réaliser cette interview en exclusivité pour Paris-Move. Je vais te dire, Alain, si j’ai intitulé cet album ‘I’m a Bluesman’, c’est un peu de ta faute!

Alain AJ-Blues: Comment ça, c’est un peu de ma faute?
Mr Hardearly: Souviens toi, quelques années auparavant, tu étais venu me faire des photos dans un studio aux portes de Paris, et lors de notre conversation je t’avais demandé si je jouais du Blues. Tu m’as répondu: “non Eric, tu es un Bluesman!”. Voilà, je m’en suis souvenu.

Alain AJ-Blues: Je suis surpris, et honoré d’avoir commis une telle faute (sourire)…
Mr Hardearly: Je voulais également, et je précise, non pas remettre quelques pendules à l’heure, mais prendre quelques exemples d’artistes comme Jimi Hendrix, Johnny Winter, S.R. Vaughan ou Gary Moore, car au début de leur carrière, on disait d’eux qu’ils faisaient du rock ou du blues/rock. Maintenant qu’ils ne sont plus de ce monde, ils sont tous reconnus comme étant de grands bluesmen. Donc je veux dire que ce que je fais avec le groupe, c’est du Blues et cela restera du Blues, même si nous ne sommes pas noirs, ni nés sur les rives du Mississipi.
Je joue du blues blanc, urbain, car je suis parisien, avec cette touche plus moderne, du Blues mis à jour, du Blues “deux points zéro” quelque part, pour reprendre l’expression, et cela sans prétention. Je veux réaffirmer, car en plus nous fêtons les 10 ans du groupe cette année, que nous sommes bien un groupe de Blues.

ITWPM  

Alain AJ-Blues: Les 10 ans du groupe en tant que Mr Hardearly, et non pas depuis tes débuts, c’est important de le préciser, sinon il faudrait remonter le temps, c’est à dire d’environ 25 années.
Mr Hardearly: Même plus, je dirai même une trentaine d’années dans le Blues, car j’accompagnais d’autres artistes sur d’autres projets à l’époque.

Alain AJ-Blues: Ce nouvel album ‘I’m a Bluesman’ n’est pas encore disponible, il faudra attendre encore quelques temps pour se le procurer. Pour quand est prévue la sortie officielle?
Mr Hardearly: Il sera disponible en sortie nationale à la rentrée en septembre. Par contre, pour fêter les 10 ans du groupe, on voulait faire quelque chose de spécial et d’inhabituel, pour nos fans et les gens qui nous suivent. L’album est donc disponible à la vente, de manière anticipée, dès maintenant en ce mois de juin sur le site, ICI
Pour les 10 ans du groupe, nous proposons également à la vente sur le site, un bonus, un album ‘live’, tiré en collector à 200 exemplaires. Le prix de l’album ‘I’m a Bluesman’ est de 15 euros, tout comme celui de l’album ‘live’. Donc avant la sortie officielle de ‘I’m a Bluesman’, nous faisons un tarif préférentiel de 25 euros pour les 2 albums, ce que nous ne faisons pas habituellement. C’est en exclusivité pour nos fans et pour l’anniversaire du groupe, et uniquement sur le site!

Alain AJ-Blues: En septembre ne sortira dans les bacs de la FNAC et autres points de ventes uniquement l’album ‘I’m a Bluesman’, nous sommes bien d’accord, n’est-ce pas?
Mr Hardearly: Tout à fait, l’album live sera toujours en vente uniquement sur le site, jusqu’à épuisement des 200 exemplaires, mais il n’y aura plus de tarif préférentiel pour les deux.

Alain AJ-Blues: Cet album ‘live’, peux-tu en parler, tout de même? Nous sommes curieux d’en savoir plus.
Mr Hardearly: Nous avons enregistré ce ‘live’ durant un an, sur les routes, dans différents clubs et salles de concert. C’est un reflet de notre tournée, avec des titres des trois derniers albums ainsi que 2 titres du tout nouvel album, et également pas mal de reprises, car le public nous en demande, que vous pouvez d’ailleurs retrouver sur les 2 DVD que nous avons déjà fait. C’est un album collector pour les 10 ans du groupe.

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Alain AJ-Blues: Revenons sur ‘I’m a Bluesman. Quels sont les thèmes des textes de tes compositions en anglais, sont-ils autobiographiques, nés de ton imagination, ou des regards portés sur le monde actuel qui nous entoure?
Mr Hardearly: Je dirais que c’est un peu de tout cela. J’aime bien les textes à tiroirs. Je t’explique… lorsque j’écris un texte, c’est une histoire qui peut être autobiographique ou non, ou bien une réflexion sur notre société, et j’aime que chacun puisse l’interpréter à sa façon et se retrouver dans mon écriture. La meilleure chose que l’on puisse me dire c’est, “Tiens, tu as écrit ce texte pour moi”, alors que non, pas du tout. L’important est que les personnes puissent s’identifier. Je prends un exemple, ce texte, ‘Un beau roman, une belle histoire’, écrit par Pierre Delanoë pour Michel Fugain. Tout le monde se reconnait dans cette chanson. L’important est que chacun y trouve son compte et puisse retrouver sa propre histoire, même si cette histoire est mienne. J’aime bien que cela parle à tout le monde et que ce soit le plus ouvert possible. Voilà, c’est ce que j’appelle des textes à tiroirs. Souvent je conjugue l’humour pour ceux qui savent le décrypter.

Alain AJ-Blues: Je te laisse le choix de certains titres de l’album, pour quelques explications de textes. Nous t’écoutons…
Mr Hardearly: Je prends par exemple ‘Hey where’s the money’. C’est une réflexion sur les relations faussées dans le milieu de la musique, qui doit être un partage entre les différents musiciens entre eux et avec le public. Mais souvent cela reste des relations très vénales, notamment dans ce métier, car même parfois entre artistes il est question de ‘gros sous’. Donc ce titre est une petite chronique ironique, et je remercie infiniment Fred Chapellier venu très gentiment et bénévolement, je tiens à le préciser, partager avec tout son talent deux fabuleux solos de guitare à mes côtés. Je parle d’un fait bien réel.
Ensuite ce titre ‘No fathers’s son’ me touche plus précisément, concernant les enfants de familles monoparentales, les relations entre parents et enfants d’une manière générale. Je laisse chacun se raconter sa petite histoire sur ce thème.
Ce titre ‘One desire’ parle des désirs de chacun. Pour certaines personnes ce désir est de conserver la santé, d’obtenir un travail, tandis que pour d’autres c’est simplement pouvoir s’acheter la dernière Porsche ou le dernier ordinateur. Nous avons tous des désirs qui nous font vivre, qui nous motivent, qui trainent et entrent dans notre quotidien.
Je parle également des relations amoureuses traitées sur ce titre ‘Your eyes can’t see’, tes yeux ne peuvent pas voir, pour la traduction en français, car j’aime bien cette métaphore. Dans son livre ‘Le Petit Prince’ Antoine de Saint-Exupéry a écrit, “l’essentiel est invisible pour les yeux, on ne voit bien qu’avec le coeur”. C’est le thème de ce titre.
Dans mes textes, je parle de faits actuels, parfois il sont autobiographiques, parfois pas, c’est toujours de la philosophie avec beaucoup d’humour.

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Alain AJ-Blues: Souvent les artistes disent que leur dernier album est le plus abouti. Alors, Eric, je laisse philosopher… (rires)
Mr Hardearly: (rires) Tu m’attendais au tournant, c’est bien de toi, cette question… je te reconnais! L’album le plus abouti…? Oui, parce que je pense qu’en tant qu’artiste, et je dirai dans la vie en général, lorsque l’on fait quelque chose, si on essaie de le refaire, c’est en mieux, bien sûr. Lorsque que l’on fait des albums, c’est pareil. Je me dis que ceci et cela, je l’ai déjà fait dans les albums précédents, et donc je ne vais pas le refaire. Je me dis que j’ai fait ce son guitare ou ce son de voix, et cela ne sonnait pas très bien, alors je vais essayer de faire mieux dans le prochain. Donc on ne cesse de s’améliorer, de ne pas reproduire ses erreurs, et le dernier album est logiquement le plus abouti.
Comme tu me le demandes, je vais donc philosopher… Je pense que dans la vie, faire une erreur une fois, ce n’est pas grave, faire une erreur deux fois, c’est un manque d’inattention, faire une erreur trois fois… c’est la connerie qu’il ne fallait pas faire.

Alain AJ-Blues: Pour ce nouvel album tu as encore travaillé sur des compositions, comme d’habitude bien sûr…
Mr Hardearly: Comme d’habitude. Je dirai que par album figurent deux reprises et 10 ou 12 titres qui sont des compositions personnelles. Ce n’est pas un secret concernant les deux reprises, alors je peux le dire, il y a une chanson de Deep Purple, comme dans le précédent album d’ailleurs, et également une chanson que j’aime beaucoup d’un artiste peut-être un peu moins connu nommé Junior Wells, chanson déjà reprise entre autres par Joe Louis Walker. Soit l’on fait des reprises pas connues, soit d’autres très connues, c’est une question d’opportunité et de moment.

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Alain AJ-Blues: Cet album ‘Im a Bluesman’, j’ai eu ce privilège de l’écouter en avant première avant cette interview…
Mr Hardearly: Deux fois, Alain…? (rires)

Alain AJ-Blues: Tu plaisantes Eric, au moins une quinzaine de fois! C’est un p….. d’ album de Blues qui touche au plus sensible de cette musique, du Blues et du Blues-Rock pur jus, avec quelques riffs endiablés qui te laisse sur le cul. Je ne dis pas cela parce que tu es en face de moi, je ne le dis pas non plus parce que nous dégustons le contenu d’une bonne bouteille de Bourgueil, je le dis sincèrement, car cet album est sublime. Sur tous tes albums, la guitare est très en avant, c’est ce que tu recherches avant tout, je pense.
Mr Hardearly: Merci Alain! C’est avant tout ce que je sais faire, mettre en avant ce que je fais le mieux. J’essaie de toucher les gens. J’essaie de pouvoir partager ma passion, qui est devenue un métier avec le temps et avec le public. Je le dis à chaque concert, deux choses sont importantes pour moi: j’essaie de faire chaque album et chaque concert comme si c’était le dernier, et peut-être qu’un jour, fatalement, ce sera le dernier. Deuxièmement, à l’écoute de mes albums et pendant la durée du concert, si on a pu faire oublier aux gens leurs soucis et leurs problèmes, c’est que l’on a réussi notre mission.

Alain AJ-Blues: Toujours fidèle à tes habitudes, tu joues en formation trio.
Mr Hardearly: Oui! A un moment de notre parcours, nous avons essayé de jouer avec, dirai-je, un “grand orchestre”, avec en plus du trio, trois cuivres, deux choristes et un clavier. Un producteur nous a conseillé à juste titre de jouer plutôt en trio et de mettre la guitare en valeur, ce qui était l’élément phare du projet. Nous avons tendance à jouer le plus possible en trio, bien que parfois nous tournons avec un clavier. L’avantage du trio, c’est quand même de jouer sans filet, il y a de place pour les musiciens, sans la possibilité de se cacher derrière son instrument. Chaque note que les musiciens jouent est entendue et partagée avec le public. Je demande à mes musiciens d’être vraiment investis artistiquement dans chaque minute que nous passons ensemble, dans chaque note que nous jouons, c’est un partage en temps réel.

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Alain AJ-Blues: Restons sur tes musiciens actuels, ceux qui jouent depuis quelques temps avec toi et sont présents sur l’album, peux-tu nous les présenter?
Mr Hardearly: A la batterie, Frédéric Rottier. Cela fait quelques décennies qu’il est dans le métier, c’est quelqu’un de très professionnel, avec une bonne assise rythmique, qui n’a pas à rougir des batteurs de blues de renommée nationale et européenne. J’ai cette chance de pouvoir tourner avec lui.
Depuis 3 ou 4 ans, Alain Gibert m’accompagne à la basse et aux choeurs, et avec qui j’ai fait plusieurs albums. Il apporte énormément avec ses basses dans l’esprit McCartney, c’est à dire très mélodique. Et de plus, Alain est un excellent choriste.
Je dirais qu’à nous trois, nous arrivons à ‘sonner’ comme un groupe de cinq personnes. Ce sont pour moi deux éléments très importants, car un guitariste/chanteur aussi bon soit-il, n’est rien sans de bons musiciens à ses côtés. Exceptés Michael Jackson, Quincy Jones ou Prince, qui pouvaient se vanter de faire le spectacle tout seul, je considère que dans un groupe, même si quelque part je suis en avant dans cette formation, tout seul je ne suis rien sans deux bons musiciens qui m’accompagnent, m’épaulent et me poussent à me surpasser à chaque concert et à chaque album.

Alain AJ-Blues: Parlons guitares maintenant, car je te sens impatient, lesquelles utilises-tu?
Mr Hardearly: Je suis vraiment un fan de Stratocaster. J’ouvre une parenthèse: j’ai un projet, car on me demande de plus en plus souvent de présenter les instruments et le matériel avec lesquels je joue. Je pense que cet été, encore une fois pour les 10 ans du groupe, donc exceptionnellement et contrairement à mes habitudes, je vais faire une petite vidéo pour présenter les guitares que j’utilise, et de plus j’en possède des nouvelles. Je suis très Stratocaster des années 70, car les plus anciennes sont très onéreuses et les plus récentes de moins bonne qualité. Je joue avec trois guitares: la première, une couleur bois, la ‘Stevie’, conçue en hommage à S.R. Vaughan, la deuxième ‘anniversary’ fabriquée pour les 25 ans de Fender, et la troisième, ma dernière acquisition, que j’ai achetée pour des ‘queues de cerises’, une strato de 1974 de couleur noire, nommée ‘Blackie’ en hommage à celle de Eric Clapton. Cette dernière a un son monstrueux, elle va m’accompagner à la rentrée pour la promotion de l’album. J’utilise des amplis Fender et Marshall, et pour les pédales, que des standards, un Delay Boss, un Tube Screamer Ibanez, une wah wah vox, enfin rien d’extraordinaire, car je pense que le son vient du musicien lui-même, et non pas du matériel sur lequel il joue.
Je vais te conter une anecdote… Dans les années 80, je crois, Van Halen faisait la première partie de Carlos Santana. C’était la grande mode de Van Halen et Santana a voulu essayer le matériel de ce dernier, car beaucoup disaient que Van Halen avait un son fabuleux, et en fait le son qui sortait, c’était du Santana. Donc le son ne venait du matériel de Van Halen, mais de la façon de jouer de Santana. Je veux dire sans prétention, j’ai la chance de jouer sur de vieilles guitares vintage et j’en suis très content, mais si je jouais sur une Stratocaster récente avec ampli récent, cela sonnerait pareil et le public ne ferait aucune différence. Ce qui est important, c’est le musicien.

ITWPM  

Alain AJ-Blues: J’acquiesce et j’approuve tes dires. Heureusement on ne remplace pas l’humain car son rôle est prépondérant.
Mr Hardearly: C’est comme pour la photo, c’est bien d’avoir du bon matériel, mais je pense qu’un bon photographe avec un appareil basique fera de meilleurs clichés qu’un mauvais photographe avec un très bon appareil.

Alain AJ-Blues: Je ne vais pas te demander le nombre de concerts joués durant ces 10 années, car je suppose que tu ne tiens pas ce genre de compte, mais restons sur l’année dernière par exemple…
Mr Hardearly: Depuis quelques années, nous avons de la chance et je touche du bois pour que cela dure, de faire une soixantaine de concerts par an, essentiellement en France, une année sur deux en Angleterre, et quelques concerts en Belgique. Prochainement nous allons pouvoir franchir d’autres frontières européennes car nous avons la chance d’avoir un tourneur, Ze Music Tour, qui gère également des artistes de renommée comme Neal Black, Fred Chapellier et j’en passe… Je ne vais pas tous les citer.

Alain AJ-Blues: Tu joues dans de nombreux endroits, aussi bien petites salles que festivals.
Mr Hardearly: Effectivement, salles de concert, festivals et clubs, aussi, car je n’oublie pas d’où je viens. J’ai commencé à jouer dans des clubs à mes débuts, il y a une trentaine d’années. J’aime le contact avec le public, j’aime pouvoir jouer à 1 mètre 50 de la première table ou du premier fauteuil situé dans la salle, comme j’aime également jouer devant 1.000 personnes, gêné par les spots et sans réellement voir le public. Jouer devant 1.000 personnes n’est pas forcément le fait de passer une meilleure soirée, parfois 80 personnes suffisent, tout est une question d’ambiance et de moment.
Pour jouer, nous sommes ouverts à toutes les propositions décentes, nous ne faisons pas les cafés et les PMU bien sûr, mais effectivement des clubs, car il y en a beaucoup en France, des clubs de Blues de renommée internationale. Nous sommes très fiers de jouer dans ces endroits où des artistes européens et américains comme Van Wilks ou Ana Popovic et d’autres se produisent.

ITWPM  

Alain AJ-Blues: J’ai envie de dire, et cela n’engage que moi, la France est devenue l’autre pays du Blues au fil des années car nous avons de nombreux artistes et groupes, ainsi que de nombreux festivals, petits ou grands, pour que vive le Blues dans l’hexagone. Quelle est ton opinion à ce sujet?
Mr Hardearly: J’adore Fred Chapellier, c’est un personnage adorable et bourré de talent. Effectivement, il y a plein de bons groupes de Blues en France, je ne vais pas les citer, de crainte d’en oublier, mais je dirai que heureusement de bons programmateurs leur donnent leur chance et ce droit d’exister. C’est très important, car sans endroits pour jouer et sans public un groupe n’existe pas. Malheureusement en France, les endroits, les artistes, les salariés, croulent sous les charges, et il est de plus en plus difficile d’équilibrer les budgets pour les salles de concert et les festivals. De plus, avec le plan Vigipirate, certaines grandes manifestations sont dans l’obligation d’avoir héliports et endroits clos la nuit, cela complique la bonne organisation d’un festival de blues ou de rock.

Alain AJ-Blues: Nous abordons le côté financier dans cette conversation. Je ne parlerai pas des retraités, le sujet serait déplacé, quoi que… (sourire), mais de toi. Tu es professionnel et tu vis de ta musique, n’est-ce pas?
Mr Hardearly: Oui, je suis professionnel. Les concerts et les albums vendus sont notre salaire. Nous dépendons uniquement de la scène Blues et des organisateurs de concert.

Alain AJ-Blues: Je vais faire appel à ta mémoire, mais on se souvient toujours des meilleurs moments comme des pires d’ailleurs, mais conjuguons ensemble le positif. As-tu une anecdote à nous conter ou un fait marquant, fort, vécu durant toutes ces années passées dans le monde de la musique?
Mr Hardearly: Alors fort, pas forcément dans le bon sens du terme, mais j’ai souvenir d’avoir joué sur un festival en 2003, lorsque sévissait la canicule et la grève des intermittents. Nous partagions l’affiche avec Z.Z. Top, Status Quo, les Commitments, Georgia Sattelites, tu vois que des débutants (rires). Ce festival pouvait accueillir 10.000 personnes et il n’y en avait à peine 2 à 3.000. Alors je dirai, j’ai eu la chance, allongé sur l’herbe en buvant une bière, de voir Status Quo devant moi, à 10 mètres. Il n’y avait que 500 personnes devant la scène, le genre de truc qui n’arrive jamais. C’est malheureux pour le groupe et le festival, car c’était presque un concert privé, ce fait m’a marqué. Je veux également citer de belles rencontres, une scène partagée avec Bernard Allison dans un tout petit club aux puces de Clignancourt. Des gens qui viennent te voir souvent, comme des anglais par exemple, et qui te disent, moi j’ai connu Peter Green, tu es encore jeune et j’adore ce que tu fais, et tu le fais bien. D’autres, des personnes de 60/70 ans qui écoutaient de la musique avant moi, te disent, j’ai vu Jimi Hendrix, les Beatles… Pour moi les plus beaux hommages sont ceux de personnes plutôt âgées et anonymes.

ITWPM  

Alain AJ-Blues: Produire un album, aujourd’hui, n’est pas toujours chose aisée, le parcours pour aboutir est parfois difficile, car il faut des gens compétents autour de soi, je te laisse le soin de nous en parler.
Mr Hardearly: Avant tout, je veux remercier tous les professionnels qui nous suivent, des journalistes au sens large qui nous font des articles, jusqu’aux photographes. La promotion est très importante, le meilleur groupe du monde sans promotion n’existe pas. Je veux également remercier toutes les personnes qui nous programment dans les salles et les festivals, et bien sûr tout ce public de plus en plus nombreux qui nous suit depuis 10 ans. D’ailleurs sur le site officiel Mr Hardearly, nous allons bientôt atteindre les 600.000 visites. Je vous remercie tous d’être acteur pour que Mr Hardearly puisse exister. Je veux également remercier tous les musiciens qui ont eu la patience de travailler avec moi durant ces dix années et qui se sont investis artistiquement et humainement, car la musique c’est chronophage. Cet album, je le voulais beaucoup plus roots, nous avons exploré différents courants musicaux avec le Blues comme base. Je voulais revenir à des racines, cet album a failli s’appeler ‘My cradle’, mon berceau, mes racines, un des titres de l’opus, mais ‘I’m a Bluesman’ est un marqueur pour les dix ans du groupe. Nous avons mis toute notre sensibilité dans cet album, il est inspiré de notre vie courante, donc de celle du public car nous partageons tous ces moments ensemble.

Alain AJ-Blues: Pour en revenir aux racines du Blues, je ne te le cache pas, j’aime beaucoup le Blues proche de ses origines, tu vois le truc bien dépouillé joué en acoustique, guitare/harmo. Envisages-tu un jour, plus ou moins proche, de faire ce genre d’album?
Mr Hardearly: C’est dans les projets. Pour l’instant nous sommes toujours en ascension, en quête de nouveau public, de nouveaux endroits pour jouer. Ce n’est peut-être pas forcément le moment, mais effectivement, si j’arrive à trouver l’appui d’un producteur, j’aimerai bien faire un album acoustique avec une ou deux guitares et un harmoniciste, je dirais que tout reste ouvert. J’aimerais aussi faire un album uniquement de reprises, pourquoi pas de reprises acoustiques, c’est une idée, mais pour l’instant nous sommes dans la dynamique de promotion pour les 10 ans du groupe. Mais dans un futur plus ou moins proche, il n’est pas improbable que ce genre d’album acoustique puisse sortir si nous avons la possibilité de le faire.

Alain AJ-Blues: Ce n’est qu’un projet, je le comprends et il est inutile de se précipiter. Tu vas me dire que je pousse un peu loin le bouchon, mais je vais me permettre d’insister, quels artistes, quelles légendes du Blues aimerais tu reprendre?
Mr Hardearly: Pour moi cet album de reprises, ou acoustique, ce serait plutôt une rencontre de musiciens centrée avec ceux avec qui j’aimerais jouer, avec des intervenants à l’harmonica, à la guitare, au clavier, au chant. Une rencontre avec des artistes avec qui j’aimerais partager un moment. L’acoustique se prête bien à ce projet, car il n’y a pas de tricherie, contrairement à l’électrique où un musicien peut se cacher dans un ensemble déjà existant.

Alain AJ-Blues: Tu ne réponds pas vraiment à ma question. Je t’ai demandé quels artistes tu aimerais reprendre. Je peux t’aider (rires)… John Lee Hooker, Luther Allison, Muddy Waters, T-Bone Walker…?
Mr Hardearly: Je ne peux pas te répondre précisément, car il y en a tellement que j’aimerais reprendre. Les idées, ce n’est pas ce qui me manque. J’aimerais au moins reprendre une chanson des Beatles.

Alain AJ-Blues: J’aime bien les Beatles, mais pour moi ce n’est pas du Blues!
Mr Hardearly: Je t’explique. L’intérêt de reprendre une chanson des Beatles est de la réarranger autrement et d’en faire une version Blues. Tout comme je pourrais le faire avec un titre de Deep Purple, car cela fait partie de ma jeunesse, de Whitesnake également, avec ce merveilleux chanteur qu’est David Coverdale, et pourquoi pas des Rolling Stones, ou de Muddy Watters. Je vais également te citer Robert Johnson, mais avec des rythmes différents, pour ne pas reprendre du textuel, car je n’ai pas le niveau pour refaire du Robert Johnson dans le texte, donc en le modernisant à ma sauce. Un mélange de cultures pour amener quelque chose de vraiment différent, indéfinissable et non calculé à l’avance, excitant et surprenant, voilà ce que je souhaite. J’envisage également un choix judicieux d’artistes différents, pour que chacun puisse amener son karma personnel. Je te le répète, ce n’est qu’un projet, c’est prendre des risques et je les assume, mais je veux surprendre en faisant quelque chose d’inhabituel. Mais pour l’instant ce n’est pas le moment, priorité à la promotion du nouvel album, de nos dix ans de carrière et d’un autre projet, mais il est trop tôt pour en parler publiquement.

Alain AJ-Blues: Merci Eric. Conjuguons l’humour, je vais te poser une question un peu naïve, comment est-tu venu au Blues? Je voulais dire comment est-tu venu au monde?
Mr Hardearly: (éclats de rire) J’ai eu la chance d’écouter de la musique dès mon plus jeune âge. Dès 11 ans, de mémoire, les premiers vinyles achetés étaient Dynasty de Kiss, Répression de Trust et Back in Black d’AC/DC. J’ai toujours écouté des groupes qui, pour moi, même si c’était considéré comme du hard rock à l’époque, avaient des racines blues. Je me suis rendu compte 10 ans après que j’aimais le blues, mais j’ai toujours écouté des musiques et des groupes comme Dire Straits, Pink Floyd, Santana, où je ressentais le blues. Fin des années 80, dans ma période rock et hard rock, j’ai commencé à faire quelques concerts avec des groupes et j’ai même eu quelques articles dans la presse. Ensuite le hard rock n’étant plus à la mode, je me suis demandé ce que j’avais envie de faire. Donc j’ai tout arrêté, les cheveux longs et tout le reste, pourtant j’adorais cela, les gens me prenaient pour un rocker. Mais j’aimais le Blues et tous ces artistes, Hendrix, Winter, Vaughan, Gary Moore… et peut-être avec cette mélancolie naturelle ancrée en moi, le Blues m’a parlé, c’était ma vocation je pense. Je ne sais plus qui disait cela, mais je cite: “si tu fais une métier que tu aimes, tu ne travailleras jamais”, et en ce qui me concerne il avait raison. C’est comme lorsque l’on posait la question à John Lennon quand il était petit: “Qu’est ce que tu veux faire plus tard?” Il répondait à la prof, “moi, plus tard, je veux être heureux”. Elle lui disait “John, tu n’as pas compris la question”, et John lui répondit, “non vous n’avez pas compris la réponse!”. Quitte à bosser jusqu’ à 60 ou 70 ans, je veux faire la musique que j’aime. Souvent les gens me disent: vous vous éclatez dans ce que vous faites. Chaque concert est différent, on ne joue jamais de la même façon, on se s’ennuie pas. Je vais te confier, car c’est une de mes fiertés, je suis autodidacte, je n’ais jamais pris un cours de guitare, mais par le passé, j’ai donné beaucoup de cours à des élèves, donc je suis un vrai escroc de la guitare (rires)!

ITWPM  

Alain AJ-Blues: Alors je vais demander à l’escroc de nous confier ses secrets lorsqu’il compose ses musiques et ses impressions lorsqu’il partage avec le public…
Mr Hardearly: A part quelques thèmes qui sont écrits, tous mes solos sont improvisés. Je ne joue jamais de la même manière, c’est un reflet instantané. Des soirs tu es super content, tu vas jouer super joyeux, le lendemain tu apprends le décès d’un pote, tu t’es engueulé avec ta copine ou ta bagnole est en panne, tu vas jouer vachement plus triste. La musique et le Blues en particulier, c’est un reflet de ta vie au quotidien. En Angleterre, nous jouons deux fois dans la journée, le midi et le soir. Parfois en France également, et les deux concerts sont complètement différents suivant le moment et l’ambiance. Certaines personnes me disent: cela fait 5 ou 6 fois que nous assistons à vos concerts et ce n’est jamais pareil, je découvre à chaque fois. C’est un vrai compliment.

Alain AJ-Blues: J’ai remarqué que tu avais beaucoup de dates, tu joues souvent, alors qu’actuellement ce n’est pas l’évidence dans ce monde de la musique, comment tu l’expliques?
Mr Hardearly: Je ne peux pas l’expliquer, je dirais que nous avons de la chance. Nous ne sommes pas le meilleur groupe français de Blues, il y a des Fred Chapellier, des Paul Personne, et je peux t’en citer beaucoup. J’ai envie de dire que nous touchons les gens, nous avons un contact humain et aimons échanger avec le public. Faire oublier aux gens l’endroit où ils sont, ici ou ailleurs, peu importe, c’est les emmener, car avec nous ils sont ailleurs et ils oublient les soucis du quotidien, c’est notre philosophie. Je l’ai déjà dit, à chaque concert je donne tout, chaque concert je joue comme si c’était le dernier, et j’en profite au maximum, car ce n’est que du bonheur.

Alain AJ-Blues: Je te remercie infiniment, Eric, pour ta disponibilité, ces instants précieux accordés pour cette interview. Je te souhaite tout le meilleur, tout le succès que mérite cet album “I’m a Bluesman” et à bientôt à la croisée des chemins du Blues, et que vive cette musique. Je te laisse le ou les mots de la fin pour clôturer cet échange. Nous te disons bye l’ami… On the road again.
Mr Hardearly: Merci à vous deux. Dans la vie, l’important n’est pas d’être riche financièrement, mais humainement.

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Retrouvez Mr Hardearly sur sa page Facebook: ICI

Une visite sur son site officiel s’impose, ICI, pour vous procurer l’album ‘I’m a Bluesman’ avant sa sortie officielle, ainsi que l’album ‘live’, vous ferez d’un Blues deux coups, à tarif préférentiel, et vous ne le regretterez pas, je vous l’assure!

ITWPM  

 

 

Mr. Hardearly – DVD Live 2eme Nuit du Blues

Blues & Co – Décembre 2017

NDB Blues & co dec 2017

blues & co cover n 82 dec 2017

 

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Mr. Hardearly

Courrier du Loiret du 12 Octobre 2017

Republique du centre 3 Novembre 2017

Le courrier du Loiret 12 Octobre 2017

Republique du centre

- Presse HARDEARLY 2

- Presse HARDEARLY 1

- Presse Festival 2017

 

 

 

 

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 Mr. Hardearly

Billy Montigny Infos n°40 du 6 octobre 2017

Festival Rock Fort Night #7

Billy Montigny 20 oct 2017

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Mr. Hardearly
DVD Nuit du Blues 
par  F.Delforge  Zicazic.com

 

X-perienced blues tour 2017
(Autoproduction – 2017)  
DVD – Durée 76’ environ

 

Piqué par le virus de la guitare à l’adolescence, Mr Hardearly a rapidement compris que la musique serait pour

lui une raison d’être et c’est à l’écoute des Stevie Ray Vaughan, Eric Clapton, Johnny Winter, Jimi Hendrix et

autres Jeff Beck qu’il progressera, en se façonnant un style à partir de ceux de ses modèles mais en recherchant

également sa propre griffe, une marque de fabrique qui le fera glisser vers le blues en général et le british blues

en particulier.

Quatre albums et un premier DVD live sortis entre 2008 et 2016 feront lentement mais surement du guitar hero

un des acteurs incontournables de la scène blues rock nationale et c’est une fois encore en images que

Mr Hardearly aux voix et aux guitares, Alain Gibert à la basse et Julien Hubert à la batterie ont décidé de

marquer l’année 2017 en nous servant un nouveau DVD live mis en boite à La Briqueterie lors de la Nuit du

Blues fin septembre 2016. Au programme, pas moins de seize titres dont un petit tiers de reprises prestigieuses

que l’artificier et ses complices se réapproprient de fort belle manière.

La Stratocaster toujours très en verve, l’artificier ne se fait pas prier pour nous délivrer des riffs tirés à quatre épingles,

des riffs que le film réalisé avec une certaine sobriété permettra aux apprentis guitaristes de s’approprier tant les

plans sur la guitare sont légion. Au rayon des standards, on notera un « Before You Accuse Me » un peu poussif,

premier morceau oblige, mais aussi des brûlots comme « You Don’t Love Me », « Heart & Soul », « Fire »,

« Sweet Emotion » et autres « My Kind Of Woman » qui nous emmèneront en déroulant le tapis rouge vers un

bouquet final composé des impressionnants « Since I Met You Babe » et « Walking By Myself ».

Jamais avare d’un solo, d’un petit effet de manche ou encore d’une grosse rythmique bien bandée, Mr Hardearly

nous sort comme toujours le grand jeu avec cet « X-perienced Blues Tour 2017 » qui ravira autant ses fans

inconditionnels que les amateurs de guitares de tous poils. Et tout ça sans trop en faire et surtout sans avoir

l’air de trop se forcer pour avoir le gros son qui fait mouche …

 

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Blues autour du zinc

 

 Mr. Hardearly

Festival Blues autour du zinc

Laurent Macimba

 

 

Festival Blues autour du zinc 2017
 

 

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