| ITW de Mr Hardearly pour la sortie de Still Alive & Well Interview préparée et réalisée par Frankie Bluesy Pfeiffer (02.2010) Photos : © Mr Hardearly |
Avec son crâne rasé et ses lunettes qui le feraient presque passer pour un sosie du bluesman anglais Eddy Martin, Mr Hardearly a mis un grand coup de pompes dans le blues électrique de ce début 2010 avec la sortie de son opus ‘Still Alive & Well’. Un album que Paris-Move vous a chroniqué ici… Un bien bel album, il faut le reconnaître, qui propose non seulement neuf compos signées Mr Hardearly, mais aussi trois reprises assaisonnées à la sauce maison, dont une somptueuse version de ‘While My Guitar Gently Weeps’, signée par l’un des membres du quatuor à la pomme, George Harrison. Après l’écoute de cet opus il nous fallait absolument savoir qui est ce Mister Hardearly, et qui est derrière ce guitariste qui a réussi à attirer pour ce projet Mr Tee et Al Jay. Et voilà ce que nous avons appris, rejoints pour un instant pendant l’entretien par Jeremy Quiedeville, chanteur sur ‘Refaire le monde’, quatrième opus du groupe ‘Ca va mal finir’ dont le guitariste n’était autre que Mr Hardearly….mais sous un autre nom.
FP: Première vérité à rétablir, Mister Hardearly… C’est quoi ton vrai nom?
MH: Ah ha!! Mister mystère, peut être… (rires).
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FP: Pourquoi alors ne pas avoir gardé ton nom ‘français’? Honte de ça, surtout pour chanter en anglais?
MH: Oh non, pas honte du tout. Un producteur québécois, je crois, m’a même fortement conseillé de garder mon vrai nom car ça sonnait vachement bien. Comme Roch Voisine, m’avait-il dit. Mais moi, je voulais créer un personnage (comme Mathieu Chédid avec M) qui serait moi sur scène mais pas forcément moi à la ville, quelqu’un d’exubérant qui saute partout…
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FP: Tu crois que ça sonne mieux, Hardearly?
MH: Je ne sais pas si ça sonne mieux, en tous les cas je pense que ça colle mieux à l’image que les gens se font d’un bluesman en France. Et puis l’image n’a jamais été aussi importante que de nos jours, non? Donc autant se servir des moyens mis à notre disposition pour se faire plaisir.
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FP: Pourquoi Hardearly? Tu sais au moins ce que cela veut dire?
MH: Moi oui, mais toi? (rires) En fait, je ne voulais pas que le groupe s’appelle ‘Eric et son orchestre’. Je voulais me cacher derrière un personnage. En ce qui concerne le nom, je laisse le soin aux amateurs d’anagrammes et autres cruciverbistes anglophones de trouver la signification du nom. S’ils ne trouvent pas, je le leur expliquerai la prochaine fois.
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FP: T’es devenu guitariste comment?
MH: J’ai eu ma première gratte classique à 11 ans. Je séchais les cours de gym le samedi matin et on se retrouvait avec des potes pour gratouiller des titres d’AC/DC ou Trust,…mais ce n’était vraiment pas terrible, faut le reconnaître. Puis à 15 ans, la première guitare électrique, les premières répètes avec les potes et les premiers concerts dans les MJC. Y’en avais pas mal, a l’époque. Je suis devenu professionnel vers 18-20 ans, à la fin de mes études. Et puis j’ai enchaîné studio, répètes et concerts jusqu’au début des années 90. A partir de là, ça a été de plus en plus dur pour trouver des endroits où jouer. Mais je n’ai pas lâché l’histoire pour autant. C’est d ailleurs là qu’elle a commencé.
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FP: Pour toi, jouer de la guitare, c’est un don ou t’as du bosser?
MH: Ah! Question piège! En fait, je n’en sais rien. Je ne pense pas être forcément la bonne personne pour répondre à cette question. Je n’ai jamais pris un cours de guitare de ma vie, alors que j’en ai donné plusieurs milliers depuis 20 ans, mais je jouais 4 à 5 heures par jour quand j’étais ado car ce que je faisais à l’école ne me branchait pas trop. Alors oui, on peut dire que j’ai bossé. J’avais un 4 pistes à K7 sur lequel je ralentissais les disques de Van Halen et autres, et j’essayais de relever les plans de guitare note par note pendant que mes potes jouaient au foot. Et puis surtout je n’ai jamais lâché la guitare depuis 25 ans. J’aime vraiment trop ça!
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FP: Ton histoire perso n’a pas commencé avec ce trio, Mr Hardearly & The Blues Thangs, mais avec un groupe de rock au nom étonnant: Ca va mal finir. Pourquoi ce nom?
MH: Au début des années 90, le groupe s’appelait très exactement ‘CA VA MAL FINIR C’T’HISTOIRE BLUES BAND’, car nous faisions du blues. Mais comme tous les groupes de l’époque s’appelaient ‘truc blues band’, ou ‘machin and friends’, alors on a décidé avec le batteur de trouver un nom rigolo et dont les gens se souviendraient dès la première lecture. Et puis faut pas oublier non plus que les programmateurs des clubs n’avaient pas beaucoup de place pour marquer le nom des groupes qui venaient jouer dans leurs établissements, alors ils étaient obliger de trouver des raccourcis, et là, on s’est bien marré en raccourcissant le nom du groupe en ‘Ca va mal finir’! Et puis le surnom du groupe est devenu CVMF pour les fans, et les intimes.
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FP: Votre opus ‘B Alive’, qui ne reprend d’ailleurs que des titres en anglais, n’était pas votre premier album, exact?
MH: Exact, il y a eu 2 autres albums avant ‘B Alive’: le premier date de 1992 et contenait 12 reprises, un peu comme ‘B Alive’, et le deuxième proposait aussi 12 titres, mais tous étaient des compos, et en français. C’était assez rock, avec Karny au chant, et il date de 1998.
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FP: C’était quoi, votre motivation, en 2002, pour sortir un album live?
MH: En 2002 on faisait un max de concerts et on voulait en laisser une trace, tu vois. On a participé au festival de Montereau Confluences en 2003 avec ZZ TOP et Status Quo, entre autres, puis à Blues en VO. On a joué a peu près partout dans la région parisienne pendant cette période.
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FP: Qui jouait dans CVMF?
MH: Pour ce dernier album il y avait Marc Giglio à la batterie (qui a joué notamment dans la comédie musicale ‘Fame’, et aussi ‘Cabaret’), à la basse Yves Moisy, et au chant Jeremy Quiedeville. Pour les albums précédents, je suis le seul membre d’origine, un peu comme le Santana band. Ce qui fait que la personnalité musicale de chaque album évolue en fonction des musiciens qui jouent dans le band, le guitariste restant le même.
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FP: Votre quatrième opus, ‘Refaire le monde’, sort en 2007. Pourquoi ne rien avoir enregistré pendant ces 5 ans?
MH: On a fait pas mal de promo à cette époque. Puis il y a eu encore un changement de personnel car je voulais faire un album de compos un peu plus Pop et notre chanteur de l’époque, Juju Child, voulait revenir à quelque chose de plus Roots.
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FP: Et pourquoi alors un album chanté en français?
MH: Après plus de 10 ans d’existence du groupe version blues, je voulais élargir notre public en allant un peu plus vers la pop, et notamment avec des textes en Français.
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FP: N’était-ce pas aussi pour mieux vous faire comprendre par le public français? Ou pour mieux faire passer des messages?
MH: Les deux, mon capitaine!
Jeremy (chanteur sur ‘Refaire le monde’): Pas des messages, des convictions!
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FP: D’ailleurs quelles furent les réactions, à cette époque, à des titres comme ‘Hors la loi’, par exemple? C’est vachement provocateur, non?
MH: Plutôt des réactions positives. Tous les messages que nous recevions émanaient de gens qui pensaient la même chose que nous. Les autres, eux, devaient nous ignorer, je pense. En concert, c’était pareil, les gens étaient vraiment sympas avec nous. On échangeait nos points de vue et on refaisait le monde au bar après le concert.
Jeremy: A part dans le zouk, le musette et quelques autres styles, je ne vois pas l’intérêt de dire quelque chose sans provoc. C’est la définition même de l’art, pour moi.
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FP: Et puis y’a ce côté écolo, aussi, avec ‘Sauve la planète’. Vous étiez et êtes sincèrement écolo? Vous faites quoi, vous, dans la vie de tous les jours, pour sauver la planète?
MH: Tu sais, je suis sûr qu’on a tous une partie de nous qui est écolo. Pour moi, ça commence par des gestes simples du quotidien, comme éteindre la lumière quand je sors d’une pièce, puis je trie mes déchets, j’évite de prendre ma voiture et je roule plutôt à vélo pour aller chercher le pain, je mets des ampoules basse tension,… rien de compliqué, tu vois, mais si on s’y met tous, ça pourrait sensiblement améliorer les choses. Sans oublier le respect de la nature sous toutes ses formes, comme préserver les espaces verts. Et ne pas oublier de transmettre aux générations futures que l’eau – et les ressources naturelles, en général – sont de plus en plus rares, donc précieuses.
Jeremy: Quand on aime et respecte la vie, on ne peut qu’être écolo. S’il y avait un parti politique avec Hulot, Bové, Yann Artus Bertrand + le chanteur de Midnight Oil, alors oui, je m’intéresserais vraiment à la politique. Mais c’est dur de répondre à une telle question en quelques mots…, car être écolo, c’est un combat de chaque instant! Ne pas être écolo, c’est scier la branche sur laquelle tu es assis.
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FP: Et ce titre, ‘Ca va mal finir’. Pourquoi?
Jeremy: C’est encore en liaison directe avec l’écologie. Si tu n’es pas conscient et respectueux de tout ce qui t’entoure, ça va mal finir.
MH: Et puis faut pas oublier non plus qu’à l’époque de la sortie de l’album, Jean Marie Le Pen était arrivé au 2ème tour des élections Présidentielles et que l’ambiance générale n’était pas au beau fixe. Et puis, je vais te dire aussi que chaque fois que l’on me demande ‘Alors heureux?’, j’réponds toujours: ‘Comment être heureux alors que tu sais qu’a 500 mètres de chez toi y’a des gens qu’ont rien à manger et d’autres qui bossent mais qui vivent sous le seuil de pauvreté, que l’on n’a toujours pas construit les installations nécessaires pour fournir de l’eau à la population africaine alors que le pétrole, lui, circule sans aucun problème’. Je pourrais te donner des milliers de raisons sur pourquoi ‘Ca va mal finir’, mais je préfèrerais trouver la bonne raison qui permettrait d’arrêter le processus dans lequel le monde est engagé depuis de nombreuses années.
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FP: N’était-ce pas non plus un titre prémonitoire, pour le groupe? Une façon de se saborder au travers d’un album? D’annoncer la fin du groupe?
Jeremy: Quand ont fait un projet auquel ont croit, peut importe le flacon, c’est le contenu qui est important. Le zeppelin s’est bien crashé et ça ne l’a pas empêché d’être le meilleur groupe de rock and roll.
MH: Prémonitoire, non, car le groupe n’est pas dissous. Se saborder? Peut être, mais aussi une manière de se dire, d’une manière inconsciente, que les gens qui achèteront l’album n’auront pas été rebutés ni par le nom, ni par la pochette. En fait, on aurait pu prendre un autre nom pour cet album mais, en accord avec la maison de disques, on a choisi le nom et le concept ensemble, ce qui n’empêche pas le fait que c’était certainement une erreur commerciale.
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FP: Quelques mots sur ‘Karma Cow-boy’. C’est un titre aux paroles très fortes, mais ne penses-tu pas que c’est justement le genre de textes que des jeunes ne souhaitent pas entendre?
Jeremy: Tous les jeunes ne sont pas des hooligans, heureusement. Et puis ce texte ne s’adresse pas spécialement aux jeunes. La connerie n’a pas d’âge, malheureusement.
MH: Disons que c’est un peu notre rôle, en tant que quadragénaires et artistes, de faire réfléchir et réagir la jeunesse sur les dangers qu’elle peut rencontrer: alcool, drogues, connerie humaine… Disons qu’on se comporte un peu comme des grands frères. Après, bien sûr qu’on peut tout à fait comprendre que des gens ne partagent pas notre opinion sur ces sujets.
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FP: N’est-il pas plus facile de faire se lever les jeunes en proférant des paroles de rejet et de révolte?
MH: Non, pas forcément. L’important est qu’ils entendent le message, quel qu’il soit, et ça ce n’est pas facile. On est noyé dans les mass media, et donc pas facile de se faire une place ou de se frayer un chemin pour être entendu du grand public. Only the strong will survive!!
Jeremy: Ca fait trop longtemps que tout le monde le fait. Il faudrait vraiment se faire hara kiri pour être sincère…. Non, la provoc est quelque chose de sain et de créatif: la preuve, la tienne m’a fait réagir en te répondant, et je t’en remercie.
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FP: Finalement, est-ce qu’avec ce groupe vous n’avez pas joué avec le feu sur le plan promo car ce n’est pas le genre de nom de groupe, d’album et de chansons qui passent facilement à la radio.
MH: Détrompe-toi. On a réussi à passer des titres, dont ‘Le dernier homme’, sur l’Abbé Pierre, sur pas mal de radios locales FM. On est également passés à l’émission de Serge Levaillant, sur France Inter, ‘Sous les étoiles’. Une belle rencontre, je dois dire…. Mais effectivement, nous n’étions pas assez formatés pour pouvoir intéresser les grandes radios rock. Tant pis, next time!
Jeremy: Le principe du rock, c’est de jouer avec le feu. Y’a des groupes qui l’allument en un album, d’autres en plusieurs, et d’autres jamais. Si l’incendie avait pris, tout le monde aurait trouvé ça génial. On dirait presque une phrase de J.C. Van Dame qui ne dit que des c…. Comme quoi, l’absurde n’est pas toujours faux.
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FP: Pourquoi CVMF a-t-il arrêté?
MH: On n’a pas arrêté. Disons plutôt que l’on fait une pause, qu’on s’occupe de nos projets respectifs,…et que l’on prépare tranquillement le prochain album. Mais notre label et notre distributeur ayant fermé leurs portes il y a quelques mois, nous sommes obligés de rechercher une autre maison de disques pour sortir le prochain CD. Donc pas avant 2011. Alors on prend notre temps pour composer et surtout ne pas faire deux fois les mêmes erreurs (sourire).
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FP: Quels sentiments portes-tu sur cette période de CVMF? Qu’en gardes-tu, là, en toi?
MH: En premier, un gros kiff d’avoir pu travailler presque un an en studio avec Jeremy. On s’est vraiment fait plaisir. On a pu faire ce qu’on voulait, quand on voulait. Ensuite, une belle rencontre avec Marc et Yves, et de belles rigolades aussi pendant des radios ou même sur scène. Et puis aussi l’apprentissage des contrats avec un label, aïe, aïe, aïe…!! Et puis enfin la réalité du CD qui ne se vend plus. Voilà, la boucle est bouclée, mais on repart à l’aventure avec la même niaque et plus fort que jamais, car le pire nous étant déjà arrivé, le meilleur reste avenir! T’as saisi le jeu de mots? Avenir…! (rires)
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FP: Désormais tu es accompagné de deux autres musiciens: Mr Jay à la batterie et Mr Tee à la basse. Comment les as-tu rencontrés?
MH: Je connaissais Mr Tee car on jouait déjà ensemble dans un duo acoustique, les ‘2 Bis Brothers’. A la fin de la promo de l’album de CVMF j’ai eu très envie de refaire du blues, que j’avais mis de coté pendant 2 ans. J’ai donc décidé de monter un trio de blues et j’ai naturellement appelé Mr Tee, qui connaissait déjà Al Jay puisqu’ils jouaient ensemble dans une autre formation. Et voilà! J’ai programmé quelques boites à rythmes, j’ai joué basse, guitare et clavier, j’ai également chanté et la première démo du groupe est née avant même la première répétition. On a rapidement eu des dates dans les clubs de la région parisienne où l’on a enregistré notre premier CD officiel, le ‘Live 2009’. Un live enregistré dans un petit club du sud de Paris, en décembre 2008.
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FP: Satisfait de ce premier album?
MH: Je pense qu’on a tous été agréablement surpris du résultat de l’enregistrement de ce live et on a commencé à jammer des compos pendant les balances. Au bout de quelques mois on est allé enregistrer puis mixer les titres au studio El Grotto, et ‘Still Alive & Well’ est sorti dans la foulée.
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FP: Mr Tee aurait co-produit ton album.
MH: Fausse rumeur. Je suis auteur, compositeur, ingénieur du son et producteur de ‘Still Alive & Well’. Pas forcément par choix, mais plus par obligation et par état de fait. Et puis, sans être prétentieux, j’ai tellement enregistré d’albums qu’à chaque fois je veux toujours faire mieux que le précédent et je ne me vois donc pas confier cette responsabilité à quelqu’un d’autre. Mais sincèrement, oui, j’aimerais bien quand même trouver un producteur afin que l’on puisse enregistrer dans un studio où je ne serai pas aux commandes, derrière la table de mixage.
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FP : Et sortir comme premier album un CD ‘live’, ce n’était pas un peu suicidaire, ça?
HD: On n’avait pas réfléchi. A cette époque, on était jeunes (rires)!!! Oui, on n’a peut être pas choisi le plus facile, mais je me souvenais du groupe Stock, dans les années 80, qui avait sorti un premier album, et ‘live’, lui aussi. J’m’étais dit, a l’époque, ‘tain, gonflé les mecs, et j’avais aimé l’attitude de mettre ses c….. sur la table, tout de suite. Mais en ce qui nous concerne, non, ce n’était pas prémédité. C’est venu comme ça, parce qu’on a eu la possibilité d’enregistrer en live, tout simplement.
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FP: Pourquoi ce nom, The Blues Thang$?
MH: En fait, je voulais qu’on s’appelle Stevie Ray Vaughan and Double Trouble, mais Mr Tee m’a dit que ça avait déjà été pris par un mec qui faisait du blues (rires). Non, plus sérieusement, je ne voulais pas d’un nom de groupe qui soit celui d’une personne, genre Van Halen parce que le gratteux s’appelle Van Halen. Il fallait donc que ce soit Mr Hardearly &….quelque chose. Et puis je me suis rappelé du présentateur au Atlanta Pop Festival en 69/70 qui demande a Jimi Hendrix, juste avant qu’il ne monte sur scène: ‘Alors j’annonce qui?’ et Hendrix de répondre: ‘The Wild Blue Angels’. Voila comment on a donc failli s’appeler Mr H & the Wild Blue Angels!! Mais pendant que j’étais entrain de penser à cela, sont passés à la radio, l’un juste après l’autre, ‘Blue Hotel’ de Chris Isaac suivi de ‘Wild Thing’ version Hendrix. Ca a fait tilt: ce serait The Blue Things… qui sont ensuite devenus The Blues Thang$ a l’americaaaaine. Le $ de Thang$, c’est pour se rappeler qu’à 40 ans révolus, maintenant, on aimerait commencer à gagner un peu d’argent…!!! (rires)
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FP: Ceci dit, Mister H., votre premier CD, ‘Live 2009’, est passé totalement inaperçu. Pourquoi a-t-il été aussi mal distribué?
MH: Comme je te disais, on ne l’a pas vu venir, celui là. En fait on l’avait sorti pour la promo et pour les ventes après les concerts. On n’avait rien planifié. Et puis c’est devenu tellement cher de produire un disque pour qu’ensuite il t’en reste 700 exemplaires au grenier qu’il faut être prudent quand tu fais presser un CD. Et puis aussi on ne savait pas trop où on allait, à l’époque. C’était ‘carpe diem’, et tant qu’on avait des dates, on jouait. Mais je pense que l’album est épuisé, maintenant, car on a beaucoup vendu en concert, surtout. Mais on refera un ‘live’, prochainement, et avec plus de moyens, c’est promis.
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FP: Pour que tu reviennes jouer du SR Vaughan, du Jimi Hendrix et du Hardearly, faut qu’il se soit passé quelque chose quand t’étais encore avec CVMF. Avoue!
MH: J’avoue, j’avoue tout…!! En fait, en tant que producteur, j’ai été un peu échaudé par le ‘music business’. Tant de temps et d’énergie dépensés pour finalement si peu de promo, d’exposition médiatique et de CD vendus m’avaient fatigué le système. Je voulais revenir à quelque chose de plus roots, de plus artisanal. Avec CVMF on a fait de grandes scènes, et je voulais aussi revenir à un autre contact avec le public. Avoir plus de proximité. En club, souvent tu joues à un ou deux mètres, maxi, des gens, les yeux dans les yeux. Et puis tu as le temps de discuter avec eux après, et même avant le concert. Et puis faut dire aussi qu’on arrive à vendre autant de CD, seul, après des concerts, qu’avec une maison de disques pas motivée. Et ca, ce sont des réalités qui finissent par te faire comprendre que tu dois changer de route.
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FP: Est-ce que finalement le blues n’est pas fait pour être chanté en anglais?
MH: Non, pas forcément. Pour l’instant je chante en anglais car les mots français ne me viennent pas quand je compose, mais il ne faut pas dire fontaine….. Et puis l’album de CVMF avec Karny était plutôt blues mais en français. Pour chanter du blues en français, faut que l’idée fasse son chemin.
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FP: Il y a trois reprises sur ton album. En mettant un peu de côté Hendrix, pourquoi Jeff Beck et George Harrison?
MH: Je suis un fondu de Jeff Beck et de Pat Metheny. Je trouve que ce sont deux génies vivants. J’adore cette version de Jeff Beck du morceau de Stevie Wonder. J’ai découvert récemment la version chantée par Syreeta Wright et je trouve que le texte sublime vraiment la mélodie. Peut être la chanterais-je un jour… Concernant George Harrison, je pense que c’est un guitariste qui a toujours été sous-estimé – à l’instar de Clapton, surestimé, a mon avis – et sa mort, il y a quelques années, m’a beaucoup attristé. J’ai voulu lui rendre hommage à ma manière et Mr Tee a bien voulu chanter cette version de ‘While My Guitar Gently Weeps’.
FP: Comment travailles-tu l’adaptation de ces reprises?
MH: A l’instinct, je crois. J’essaye, je recommence, et ce, jusqu’à ce que je trouve quelque chose qui flatte mes oreilles. Ca peut venir tout de suite, en cinq minutes, ou cela peut mettre des jours à mûrir. Je crois qu’on est tous pareils quand on joue une reprise, bien que je pense être quelqu’un d’assez ‘organique’, car je fais beaucoup de choses ‘au feeling’.
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FP: D’ailleurs sur l’album ‘Live 2009’ il y avait de fort belles reprises, comme ‘Ain’t No Sunshine’, ‘Knocking On Heaven’s Door’, ‘Cocaine’ et surtout, surtout, ‘Come Together’. Tu penses que les Beatles aimeraient la manière dont tu as remanié leur titre?
MH: Quand j’enregistre une reprise, j’essaye, sans prétention, d’y ajouter quelque chose de nouveau, ou en tout cas de déjà pas trop entendu. Pour les Beatles, tout a été déjà pratiquement fait, comme pour Hendrix. Alors je me suis obligé à triturer leurs magnifiques arrangements pour en faire une version beaucoup plus perso. Est-ce qu’ils aimeraient ce que j’ai fait? Je n’en sais rien, mais si toi, t’as aimé, c’est déjà un signe (sourires).
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FP: T’en as d’autres, dans ce style, en réserve?
MH: Oh oui, que j’en ai d’autres. Je pourrais même en faire un triple album tant il y en a que j’aime. Après, quant à savoir si de faire ça est intéressant dans mon discours musical, c’est une idée qu’il faudra que je mûrisse. Et puis il me faudra un producteur (rires). Mais je ne vais pas te donner de titres, comme cela tu auras soif de les découvrir dans notre prochain opus (rires).
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FP: Prévu pour quand ?
MH: Pour début 2011.
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FP: Vu ce que tu as comme titres en réserve, et donc de quoi remplir un triple CD, pourquoi ne proposerais-tu pas avec ce nouvel opus prévu pour début 2011 un second album, composé uniquement de reprises à la sauce Hardearly?
MH: Ca, c’est une idée….!!! On avait déjà pensé essayer de sortir un coffret double avec le CD de l’album en studio + un DVD enregistré en concert, mais ton idée est très intéressante. Why not pour 2011…
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FP: Sinon tu pourrais proposer un CD reprenant uniquement des titres des Beatles arrangés par toi, comme l’avait fait Popa Chubby avec Jimi Hendrix. T’en as déjà deux d’enregistrés, avec ‘Come Together’ et ‘While My Guitar Gently Weeps’.
MH: Ce n’est pas l’envie qui me manque, mais pour être franc, je ne suis pas mûr pour un ‘Tribute to’… Dans quelques années, peut être.
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FP: Autre vérité à avouer: c’est dur pour toi de trouver des lieux pour jouer, et des dates?
MH: A mon avis, la première difficulté est qu’il y a de moins en moins de lieux où se produire en France. Ce qui est moins le cas chez nos voisins nord-européens, parce que déjà leur culture anglo-saxonne est imprégnée de rock et de blues. Rappelle-toi que dans les sixties, pendant qu’en France on écoutait Hervé Vilard et Yvette Horner, les anglais écoutaient déjà les Yardbirds, Hendrix,… Et puis chaque fois que l’on va jouer à l’étranger, le public est vraiment content, voir étonné, de découvrir un groupe de blues français. J’ai un souvenir précis de mamies de 80 ans à peu près qui, lorsqu’on jouait en Angleterre, dansaient sur ‘Voodoo Child’ et en chantaient les paroles. Etonnant, non? En France, je pense que ce serait beaucoup plus rare, même si cela fait un bon moment que Hendrix nous a quittés. Vivement qu’on se fasse une tournée européenne…!!
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FP: Quelques mots de technique avant de se quitter. Quel matériel utilises-tu?
MH: Je suis un fan de matériel vintage genre Fender, Marshall,… En fait, je suis fan de Stratocaster et d’amplis à lampes. En ce moment, je suis ‘endorsé’ par une marque de guitare japonaise, Bacchus, qui fabrique ses instruments à la main avec un son bien vintage. Je dois d’ailleurs aller faire des démonstrations de guitare pour eux au Salon de la musique de Francfort de cette année. Question effets, que du classique: Tube Screamer, wha-wha, delay, phaser et un accordeur.
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FP: En quelques mots, ton avis sur Internet et ce que l’on nomme le ‘piratage’. Comment, selon toi, les artistes doivent-ils s’organiser pour distribuer leur musique très largement, se faire connaître et en vivre… ?
MH: Sincèrement, je pense que le piratage est un faux problème. Sony, BMG et les autres maisons de disque nous vendent des CD vierges, des graveurs (CD et DVD), ils ont inventé la ‘musique jetable’, c’est-à-dire la promotion d’artistes de télé-réalité dont on se fout déjà et encore plus dans 10 ans, ils veulent nous vendre de l’ersatz de musique – ce que l’on appelle du MP3 – et il veulent gagner encore plus d’argent avec tout ça. A mon avis, il n’y a qu’à faire comme cela se faisait avant: pour chaque support vierge vendu, reverser une partie du prix de vente aux sociétés d’artistes (SACEM, SDRM, SPPD,…) afin de rémunérer les artistes. A partir de là, comme t’as payé ta ‘redevance’ en achetant le support vierge, tu graves ce que tu veux dessus, comme cela se faisait pour les cassettes audio dans les années ‘80. On se passera ainsi de Universal & Co ainsi que des détaillants qui vendent les CD à 20 euros, voire plus, alors que 50% va dans leur poche et 1 euro pour l’artiste. Tout le problème est là.
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FP: En regardant dans le rétro de ta vie, quels regrets as-tu? Quels sont tes espoirs, tes envies?
MH: Ni remords, ni regrets, disait Gainsbarre. Et chez moi y’a un peu de ça! Si jamais j’ai fait du mal a quelqu’un, je le regrette, car c’était sans le savoir ou sans le comprendre,… ce qui n’excuse rien (silence). Pour le reste, j’aimerais vendre plus de disques pour pouvoir enfin payer mes musiciens plus correctement et surtout, surtout, essayer de continuer à donner du bonheur au gens qui viennent nous voir en concert et qui achètent nos CD, et aussi prendre encore longtemps plaisir à le faire…!
Interview préparée et réalisée par Frankie Bluesy Pfeiffer (02.2010)
Photos : © Mr Hardearly
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